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Témoignage : "Maintenant je m'autorise à rêver", lettre d'une maman à consoler

 
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« Chère maman vogue,

Je ne sais si et quand ce message te parviendra. Mais je voulais te dire merci, merci pour ce post Instagram. Il m’a fendu le cœur en deux. J’ai le sentiment d’être enfin autorisée à pleurer, par une inconnue, et je ne sais pas comment te dire ma reconnaissance.

Parce que ma fausse couche n’en était « pas vraiment une ». Non. J’étais sous stérilet en cuivre. J’avais des soucis gynécologiques à ce moment-là. Et mon cycle de 44 jours, je le mettais sur le compte d’un dérèglement hormonal. Le 45ème jour, je me suis réveillée par la douleur. J’ai couru aux toilettes, persuadée que de grosses règles arrivaient et que j’allais en mettre partout. Voilà. C’était ça ma préoccupation. Et sur le coton de ma culotte, quelque chose que je n’identifie pas, mais qui me fait immédiatement fondre en larme et appeler mon mari, hurler son nom entre les larmes et les hoquets. Beaucoup de sang sur la porcelaine. Ma gynécologue indisponible, sa secrétaire qui m’oriente vers le standard téléphonique des urgences gynécologiques. On me dit que “ce n’est rien, ça arrive”. Et je ne sais toujours pas. Le téléphone raccroche, le système de santé est saturé, comment les blâmer. Non, cliniquement ce n’était pas grave. Un mois, c’est court. Et je ne savais pas. En fait, à ce moment-là, je ne sais toujours pas. Je n’ai pas de mot à poser sur ce qu’il vient de se passer et le sang que je continuerai à perdre pendant quelques jours, comme des règles. Par la suite, j’apprends que j’ai un souci bénin, mais mon nouveau gynécologue me dit que j’aurais peut-être besoin d’aide pour avoir des enfants. On ne sait pas. C’est trop tôt pour le dire. Que je dois faire des échos pendant quelques temps pour surveiller. Oui, à ce moment-là je change de soignant. Parce que j’ai la sensation de ne pas être écoutée, sans réussir à l’expliquer.

Un an plus tard, en écoutant un podcast, une femme décrit ce que j’ai vécu. C’est mon histoire. Et c’est la sienne. Mais elle est pose un mot : fausse couche. A ce moment-là, je suis toujours surveillée, ce n’est que 6 mois plus tard, en décembre dernier, que mon gynécologue m’annonce que tout est revenu à la normal et en l’état actuel des choses je peux tomber enceinte sans aide, sans rien. En l’état actuel des choses. A lui, je n’ai jamais rien dit. Cela s’est passé des mois avant que je le rencontre. Et lorsque j’ai posé un mot dessus, comment lui annoncer, comment lui expliquer. Comment dire ce qui a été réduit à néant, à l’inexistence, pendant si longtemps.

Je sors un peu hagarde, sans savoir pourquoi. Et il y a quelques semaines, j’en parle à ma mère. Tu sais maman, tout ce temps à m’entendre dire qu’avoir des enfants se serait compliqué, enfin peut-être, enfin on ne sait pas. En fait j’étais tombé enceinte. Moi, la femme qui veut des enfants depuis des années, enfin un jour. Je suis tombée enceinte et j’ai fait une fausse couche, parce que mon stérilet a fait son travail un peu tardivement, un peu maladroitement. Tu te rends compte maman ? Personne ne me l’a dit. Tu te rends compte maman ? Tous ces mois à penser que mon corps était en dysfonctionnement, j’aurais pu les vivre différemment, si juste, une femme, avait pu prendre le temps de me dire ce qu’elle entendait par “ce n’est rien, ça va aller.”

Parce que non, ça n’a pas été. Parce que ce bébé, si j’avais su qu’il était là, j’aurais tout fait pour qu’il reste mon bébé. Et deux ans plus tard, en lisant tes mots, chère maman vogue, j’ai envie de pleurer. Parce que j’ai eu le sentiment qu’on m’avait enlevé quelque chose. Je n’ai pas pu, pas eu le droit d’être en colère. Je n’ai pas pu être triste. Sans mots, ça n’existait pas. Et personne n’a posé de mot. Alors s’autoriser à l’identifier, un an après, et quoi ? Il est trop tard pour pleurer. Trop tard pour être en colère, pour hurler et frapper. Qui ? Quoi ? Le vide. Ce vide auquel je dois faire face tout en prenant conscience de son existence, longtemps après, grâce à une inconnue sur le podcast d’une autre inconnue.

Et ma deuxième colère, celle d’avoir traversé tout ça, les examens, le doute, la peur et l’angoisse, sans savoir que j’avais le droit d’espérer.  Oui, cela paraît étrange, mais ce bébé qui n’est pas né, c’est devenu mon espoir, une étoile dans mon ciel, celle qu’un jour je serai maman. Parce que cela aurait pu arriver. Et que maintenant je m’autorise à rêver… »

 

Crédit photo : karlielarsonphoto.wixsite.com

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