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Naissance de bébé – "Je voulais être une maman parfaite et j'ai craqué"

 
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Voici le témoignage bouleversant de Marie Line, qui après un parcours difficile pour tomber enceinte, essaye à tout prix de tout faire parfaitement « comme les autres mamans ».Puis vient le moment de l’allaitement et ce sentiment d’une responsabilité trop lourde à porter qui l’envahie…

Un bébé immensément désiré

« Tom est notre premier enfant. Immensément désiré. Dix ans de vie commune, cinq années de bataille dont une de PMA.

Nous l’avons tant rêvé, imaginé, souhaité, que tout devait être parfait. J’étais prête, parée à toutes situations, j’avais même briefé mon conjoint le jour J car je sentais qu’il allait arrivé par césarienne (bassin étroit) alors que sage femme et médecin ne voulait rien entendre. Avec le recul, je n’ai pas mesuré le jour J que la césarienne n’a pas été à cause de mon bassin mais parce que mon bébé se fatiguait de contractions très fortes et fréquentes et qui n’agissait pas sur mon col.
 Avec mon conjoint nous avions tout fait comme il fallait: cours à l’accouchement, cours d’allaitement, bouquins à gogos sur notre futur rôle de parents, comme des marathoniens, cela faisait des années que nous entraînions.
Tant d’années d’examens médicaux, de souffrance physique (j’ai fais une grossesse extra utérine qui m’a provoqué l’ablation d’une trompe), et morale (première FIV sans embryons, on vous explique tout sauf les échecs). J’étais plus qu’épanouie et impatiente de vivre l’aventure de ma vie.

Je voulais l’allaiter

Je voulais qu’e son papa fasse du peau à peau, je voulais l’allaiter.
J’étais dans un petit hôpital (trois naissances dans le service) et les sages femmes vous posent la question rapidement. On peut dire qu’elles l’ont pris à cœur: dès mon retour dans la chambre, elles ont à tour de rôle essayer de me faire monter le lait avec différentes techniques: infusions, tire-lait, massage avec compresses chaudes… j’avais l’impression d’être une machine qu’il fallait dégraisser.
Dès le lendemain de mon accouchement, j’ai eu droit à la visite d’une représentante de la Leche League qui ne m’a parlé que du don de lait maternelle. Je voulais bien en donner aux autres mais encore fallait il que j’arrive à nourrir le mien! Tom avait un gros besoin de succion et au bout de deux jours il s’énervait sur mon sein car rien ne venait. Anthony a donc acheté une tétine. Je me souviens du regard de jugement d’une auxiliaire lorsqu’elle l’a vu. Une autre, que j’avais appelé en pleine nuit car Tom hurlait de faim est tout bonnement arrivé dans la chambre, et lui a collé un biberon direct dans la bouche, sans me demander mon avis.

Une pression énorme

Je n’ai senti aucun soutien, juste une énorme pression. Un soir, j’ai vu deux nouveaux auxiliaires de nuit: un homme et une femme, ils dégageaient quelque chose de rassurant et réconfortant. J’ai craqué et j’ai pleuré à ne plus savoir m’arrêter.
Je me souviens que la sage femme avec qui j’ai pris les cours d’allaitement nous avait dit que le lait montait en tétant et qu’il ne fallait pas hésiter à y mettre bébé dès que sa bouche faisait un mouvement de succion, de nuit comme de jour, même s’il semblait endormi, ne pas hésité à le prendre et à le coller au sein. Quelle belle connerie.
Elle avait commencé à me faire douter en assurant que toutes avaient déjà dû colostrum avant la naissance. Heu non, pas toutes!
Et moi qui voulait être parfaite, je suivais tout à la lettre. Je notais tout sur une feuille « de route » que les sages femme nous demandait: la tétée, sein droit ou gauche, le pipi, la couleur des selles…
Avec tous mes efforts, j’arrivais à tirer 25cl à peine de lait alors que les autres mamans tiraient facilement deux à trois biberons.
Je devais y rester 7 jours. Au bout de 5 j’ai craqué et demander de rentrer chez moi.
Je n’avais pas souhaité ni tv ni visites, je voulais vivre nos premiers moments que tous les 3.
Bien sûr, dans mes rares moments de temps « off » je lisais les textos de copines et de drôles de messages ont commencés à apparaître: « je suis Charlie » « nous sommes tous Charlie »… j’ai demandé à mon conjoint qui est resté vague dans ses explications.
Pour mon retour à la maison j’étais épuisée mais soulagée.
Je me souviendrai toute ma vie du moment ou j’ai passé le pas de la porte.
Anthony portait Tom dans son cosy, et moi le sac à langer et ma valise. Je me suis penchée pour poser le tout au sol et un liquide s’est déversé à flot. J’ai pesté quelques secondes en pensant qu’une bouteille était mal vissée, avant de m’apercevoir que ce qui coulait était mon lait!! J’avais ma première grosse montée de lait, ça ne s’arrêtait plus! C’était incroyable, c’était bel et bien psychologique.

Un sentiment d’une responsabilité trop grande à porter

Nous étions partis de la clinique avec des instructions précises: peser Tom toutes les semaines pour contrôler sa prise de poids car il était au mixte (encore une pression supplémentaire) et continuer notre feuille de route.
Son papa nous a installé et a dû repartir bosser dès l’après midi même.
J’ai pour la première fois allumé la télévision et j’ai découvert l’horreur dans laquelle la France était plongée. L’attentat Chez Charlie Hebdo (je savais maintenant qui était Charlie…), et j’étais face au direct sur toutes les chaînes de la prise d’otage à l’hyper casher. J’ai vite appelé mon mari et j’ai passé l’après midi à pleurer face à l’écran de télévision, mon fils collé à mon sein, qui se délectait de mon lait abondant.
Je ne contrôlais plus rien.
J’avais fait naître mon fils dans un monde qui ne tournait pas rond, extrêmement violent.
Je me souviens ce soir la, nous l’avons regardé longuement avec mon conjoint, à admirer cet être si innocent, à nous demander comment l’armer à ce futur qui semblait si sombre. Mon mari m’a répondu: « malheureusement nous ne pouvons rien y faire, il y aura de plus en plus de fous, mais nous devons l’aider à dépasser cela et à vivre avec. »
Nos vies qui ont été scrutées, contrôlées depuis le début de ce projet bébé, il était enfin là et j’avais un sentiment d’impuissance extrême dans TOUT. Mon corps qui n’a pas pu nourrir mon fils de suite, mon pays dans lequel j’avais mis au monde la chair de ma chair, qui était plongé dans une douleur immense…toutes mes croyances se sont envolées.
C’est à ce moment là que j’ai eu ce sentiment d’une responsabilité très grande. Non pas d’élever un enfant dans un monde de brut, mais d’en faire un Homme. Un vrai. Avec des valeurs très fortes, du courage, de l’Humanité.
Le nouveau rythme de vie a été très difficile pour moi. J’ai un sommeil très léger et le moindre bruit me réveille. Alors avec un nouveau né et cette peur qu’ont toutes les mamans de la mort subite du nourrisson… autant dire que je ne dormais pas. Et puis dix ans de vie à deux, les habitudes sont difficiles à perdre…

Apprendre à se connaitre

Au bout d’une semaine j’ai appelé la PMI pour prendre rendez vous pour la pesée de Tom. Ma voix a dû me trahir car la personne au bout du fil m’a dit au bout de quelques minutes d’explications: « ne quittez pas je vais vous passer le médecin de la PMI ». Et là, j’ai eu au bout du fil une femme qui a mis des mots sur mes maux. « Arrêtez de vous mettre la pression. Arrêtez de vouloir tout faire parfaitement. Même si vous avez porté votre bébé 9 mois, aujourd’hui il est là, c’est un être à part de vous et il faut apprendre à vous connaître. Autant lui que vous. Présentez vous l’un à l’autre et apprenez qui il est et dites lui qui vous êtes. Vous allez y arriver, mais petit à petit, doucement avec beaucoup d’amour ».
Je ne sais pas ce qui s’est passé mais à ce moment là j’ai arrêté de culpabiliser. J’ai arrêté de me dire que je n’étais pas normale, que ce n’était pas naturel chez moi, que je n’allais pas y arriver, que finalement je n’étais pas faite pour être maman et que c’était peut être pour ça que le destin avait mis tant d’épreuves sur ma route pour devenir maman.
La puéricultrice est venue à la maison, elle a été choqué d’apprendre qu’on m’avait dit de réveiller bébé pour téter au moindre signe. Apparemment c’est une vieille fausse croyance mais qui est en fait réserver au bébé de petit poids comme les prématurés qui sont trop fatigués pour réclamer à manger.
Tom a pris 1,5 kg le premier mois et il a été allaité exclusivement dès le retour à la maison jusqu’à ses 5 mois. Il a de lui même voulu arrêté peu de temps après ma reprise du travail.
L’écharpe de portage a été une révélation aussi, Tom était un bébé au sommeil agité et il n’était bien que dans l’écharpe. Et moi ça me permettait de faire aussi pas mal de choses.

Se faire confiance

J’ai été aussi très bien soutenu par ma boîte et mon Rh au boulot. J’ai pu modifié mon emploi du temps et il avait aménagé une petite pièce privé où je pouvais tirer mon lait. C’était comique de me trimballer avec mon tire-lait dans la valise!
Aujourd’hui 4 ans après, malgré tout, je suis encore plongée dans les manuels d’éducation (c’est plus fort que moi) et je me passionne pour son évolution. Mais j’apprends aussi à me faire confiance, à lui faire aussi confiance et à trier ce qu’on me dit. J’ai un énorme soutien de la part aussi de son papa, qui a su, petit à petit aussi, trouver sa place entre nous. ☺️
Pour l’allaitement j’ai entendu tellement de choses, dites par des proches! « Mais c’était si naturel pour moi, je ne comprends pas ton problème. » « ton lait n’est pas assez riche, assez bon , passes-le au biberon! ». Tout pour te faire douter!
Au fil du temps, les langues se sont déliées aussi. J’ai compris qu’un lourd passé de croyances profondes, empêchait les femmes de parler, parce que « c’est comme ça, c’est soi disant leurs rôles ».
Et même dans ma génération de trentenaires certaines pensent encore qu’en tant que maman nous n’avons qu’à encaisser sans rien dire et que c’est un signe de faiblesse ou d’échec que de dire « oui, le boulot j’en ai besoin, pour souffler, pour me retrouver moi, pas seulement en tant que maman » ou que « oui, souvent j’en peux plus, je suis crevée et que j’ai le droit de le dire sans honte ni culpabilité ». Et tout d’un coup il y a eu des échos et des « ah toi aussi? Et toi aussi ça t’arrives de… »
Je dirai aux mamans qu’il faut s’écouter soi et son bébé seulement, se laisser aller, lâcher prise et balayer les soi disant conseils des autres ( proche et professionnel!). Que l’instinct maternel se réveille petit à petit et qu’il n’est pas inné!
L’allaitement se fait dans le partage et la sérénité, et qu’il faut s’accrocher même si c’est très difficile au début. J’ai mis du temps à y trouver du plaisir mais je gardais en tête les bienfaits: c’était si pratique de le nourrir sans avoir à trimballer partout l’attirail. Et j’étais si fière, paradoxalement je me trouvais hyper moderne, une vraie wonder-maman!
Marie Line
©Pinterest

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