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Mes journées écartelées sans reconnaissance ni mérite…

 
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Maman fatiguée
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Journées écartelées : oh non, encore un nouvel article sur la charge mentale… ! Pas exactement, même si j’avoue que je trouve assez bénéfique et carrément jouissif cet étalage de tout ce que nous sommes capables d’abattre en tant que femme, épouse, amie, maman,… C’est difficile d’être  « l’artisan du transparent », de tout ce qui ne se voit pas tant qu’il fonctionne mais qui saute aux yeux dès que ça déconne… Alors je supporte à 200% les femmes qui ressentent le besoin de mettre sur papier tout ce qu’elles font. Mais je voudrais surtout lever le voile sur les émotions que la charge mentale génère.

Journées écartelées : un job sans heures fixes

Récemment, j’ai repensé aux propos très justes d’Anne Montecer qui parlait de son organisation chaotique et de la difficile séparation vie professionnelle / vie personnelle ; « avec des enfants, tu ne peux jamais prévoir ton emploi du temps ». Et oui, être maman c’est bouleverser en permanence son agenda (quel qu’il soit d’ailleurs) pour jongler d’une priorité à l’autre. Une sorte de comptoir collecteur de tous les problèmes et devant constamment ré-agencer les tâches à faire. Voilà deux semaines que mon deuxième est malade. A la crèche, ils m’appellent un jour sur deux pour que je vienne le chercher des heures plus tôt. Mes clients déploient des trésors de compréhension pour passer outre mais je ne suis pas mon propre patron et je suis épuisée de culpabilité. Je m’en veux de ne pas avoir les moyens de tout faire parfaitement et dans les temps, même lorsque je suis payée pour ça…

Et puis évidemment, ma belle organisation de working mum vole en éclat à la moindre occasion. Oublié le trajet tranquille depuis le boulot qui me permet le stop à la pharmacie, à l’épicerie et la récupération des commandes de couches…qui me donne l’impression de contrôler les choses et de ne pas être ce petit hamster qui court dans la roue sans jamais en sortir…

Un rythme de fou

Enfin, n’oublions pas que les services dont nous avons besoin, les pédiatres, les supermarchés, les pharmacies et autres pressings ne s’adaptent pas à votre contrainte du TGV 18h-20h. Les étals ne vous attendront pas mais les petits estomacs devront quand même être pleins un jour. Je me souviens d’un jour de déjeuner d’équipe que j’ai dû écourter pour aller acheter des petits pots. Je n’avais aucune autre excuse, notre charge de travail commune était réduite à peau de chagrin et je ne pouvais me résoudre à invoquer le prétexte d’un RDV épilation (comme mes collègues qui ont le temps de faire ça pendant leur pause déj), alors j’ai avoué…

Et on m’a regardé comme la minette débordée qui ne sait pas gérer son temps… Pas facile tous les jours. Et puis, ce stress de passer 15 minutes au téléphone avec le standard du pédiatre pendant les heures de travail pour obtenir le sésame du RDV en urgence alors que notre patron peut surgir à tout moment… Quoi qu’on en dise, le stress de devoir tenir sa famille (même si c’est une joie) vient s’accumuler au stress de la performance au travail. Heureusement, la maternité nous apprend à prendre du recul sur le deuxième, un petit quota de ressource dans lequel puiser les jours de grande angoisse (« il avait 39 avant de partir à la crèche », « 15 personnes à la maison pour le baptême ce week-end », les préparatifs des départs en vacances, les rentrées scolaires,…)

Une distraction permanente

Après mon congé maternité, je crois que le premier changement radical dans ma vie professionnelle a été la distraction. J’ai honte de reconnaître que j’ai de plus en plus de difficulté à me concentrer. Alors que je devrais boire les paroles de mon client, des alertes me remontent en mémoire : les RDVs à prendre, la crème solaire à acheter, l’équipement de sport à prévoir pour la sortir de demain (d’ailleurs est-il propre ?), le solde des petits pots maison (autrement dit, « mon bébé a-t-il de quoi manger ce soir ? » ),… Auquelles viennent se rajouter des grandes interrogations de fond (« hier soir, j’ai observé tel comportement, je dois être plus vigilante à ça, je dois penser à essayer de faire ça avec lui »).

Et je suis plus distraite et souvent moins efficace lorsque je n’ai pas abattu les tâches les plus urgentes de ma to do familiale… Et c’est dur pour moi de constater que je n’arrive pas à faire autrement et que pour le moment, avec des enfants en bas âge, je me sens nulle de ne pas trouver des moyens de faire autrement. Je me sens moins concentrée et moins performante, d’où une nouvelle source de culpabilité. J’envie ces gens qui réussissent encore à se dédier à 100% à leur travail. Moi, même lorsque j’y suis, je n’y arrive plus.

Je culpabilise de ne pas assurer auprès des enfants (ne pas être là pour les petites consolations quotidiennes par exemple) et de ne pas assez assurer au travail…Parfois, ce constat de double échec est très lourd à porter.

Mais pour apporter une nuance plus positive, après une bonne journée de travail, je me sens la reine du pétrole, j’ai l’impression que le monde est à mes pieds. Et lorsque, souvent, je constate que mes enfants sont bien dans leurs pompes et dans leur temps, je me dis que je peux, quand même, être fière de quelque chose.

Un manque de reconnaissance

Ce qui m’amène au dernier aspect. Assurer sur tous les fronts est devenu un requis, pas un succès. « Et ben oui mesdames, vous avez voulu travailler et vous avez voulu avoir des enfants, alors maintenant à vous d’en assumer les conséquences »… Je grossis le trait mais parfois, il n’est pas si loin de la réalité. On en vient à trouver normal que le dîner soit prêt et les enfants peignés dans un appartement rangé qui sent la lavande tout en appréciant grandement le salaire qui tombe à la fin du mois. Pas de merci, pas de bravo (pourtant, si on pouvait mesurer le niveau d’effort que ça demande…).

On trouve normal que la maman qui a dû quitter son boulot à 17h pour aller chercher les enfants à la crèche, renvoie sa présentation à minuit. Pas de merci, pas de bravo. Entendons-nous bien, je ne souhaite pas une médaille ou un traitement de faveur, bien sûr je dois assumer mes choix, mais quand même est-ce que parfois, quelqu’un pourrait reconnaître que si tout roule à la maison, c’est parce que la petite fourmi qui fait discrètement son travail quotidien tout à fait transparent turbine ? Est-ce que l’on ne pourrait pas un jour se dire qu’il y a quand même du mérite à assurer sur tous les plans ? Je vous assure que ça nous adoucirait grandement la tâche et ça ne coûte rien.

Sans reconnaissance, avec le sentiment d’être moitié impliquée dans tout, à toutes heures du jour et de la nuit, j’en viens souvent à douter de moi et de mes capacités. Naît cette question qui me taraude sans cesse et à laquelle je ne trouve pas de réponse : quelle est ma place ?

Paola Marceau

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