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Maman Vogue a lu pour vous L'enfant de Maria Montessori – 1/2

 
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Pas besoin d’être parent pour avoir entendu parler de Maria Montessori, de sa vision révolutionnaire de l’éducation et du matériel qu’elle a développé. Pour aller au-delà des interprétations multiples qu’on peut lire sur son travail, on a lu pour vous son essai : l’Enfant. D’une richesse telle qu’on a choisi d’en faire deux articles. Ce premier aborde les concepts fondateurs de son enseignement.

La nature de l’enfant

La vision de Maria Montessori est révolutionnaire pour son temps. En observant l’enfant avec un œil totalement neutre, elle constate ses mouvements naturels et en déduit une approche en rupture totale avec les principes de son époque.

L’enfant a une sensibilité extrême aux choses qui l’entourent et une propension naturelle à les ordonner selon ce que lui dicte son « ego ». Il est neutre à priori et se borne à observer les choses telles qu’elles lui apparaissent et non d’une façon orientée par l’utilité qu’ont les objets.

« L’enfant voit les détails informes et précis des choses, et doit donc nous considérer comme inférieurs à lui puisque nous ne voyons dans les images que nos synthèses mentales, qui lui sont inaccessibles ; il doit nous considérer comme des incapables, comme des gens qui ne savent pas observer. […] Il nous voit passer avec indifférence, avec inconscience, devant des détails extrêmement intéressants. »

La raison et les objectifs de l’enfant ne sont pas du tout les mêmes que les adultes. L’enfant se construit au cours de périodes sensibles pendant lesquelles il est plus ou moins attiré par certains objets qui l’entourent. Son esprit créé un ordre mental qu’il a naturellement besoin de reproduire, de renouveler lui-même. L’auteur a notamment pu observer des énormes crises chez des enfants, incomprises, assimilées à des caprices, naissant du fait qu’un objet n’avait pas été remis à sa place ou manipulé à bon escient ou qu’on leur en avait interdit le toucher alors que c’est précisément ce que lui dicte son ego.

Maria Montessori observe que « le calme, les mouvements lents et mesurés et l’attitude réflexive sont les caractéristiques de l’enfant normal […] ses mouvements sont contrôlés, produit par l’ego et sa raison le guide. Ce n’est pas le fait de bouger beaucoup qui est important, mais de se dominer soi-même » « la possibilité de se mouvoir sous l’influence de son ego, et non du fait de la seule attraction des objets, amène à la concentration sur une seule chose, ce qui est un phénomène d’origine intérieure » « La discipline des actes extérieurs est alors l’expression d’une discipline intérieure organisée autour d’un certain ordre »

L’enfant créé lui-même sa propre discipline qui repose sur sa concentration, il n’a pas besoin d’être contraint, cet élan lui vient naturellement.

La force créatrice du mouvement

Le mouvement est fondateur chez l’enfant : « Le mouvement n’est pas seulement l’expression de l’ego, il est aussi le facteur indispensable à la construction de la conscience, et c’est le seul moyen tangible qui établisse des rapports clairs entre l’ego et la réalité extérieure. Par conséquent, le mouvement est le facteur essentiel dans la construction de l’intelligence, qui se nourrit et vit des expériences réalisées dans l’environnement extérieur. Les idées abstraites d’elles-mêmes naissent d’une maturation des contacts avec la réalité, et la réalité s’exprime par le mouvement. […] C’est l’instrument spirituel qui réalise doublement l’action : dans la conception intérieure exacte et dans l’exécution extérieure. »

Prenons l’exemple de la marche: « l’adulte marche pour atteindre un lieu et se dirige directement vers celui-ci, suivant un rythme établi qui se développe quasi mécaniquement. L’enfant, lui, marche pour développer ses propres fonctions. Il a une mission créative à accomplir. Il est lent, son rythme n’est pas encore établi, il n’a pas encore de but précis mais les choses qui l’entourent l’attirent »

L’enfant se construit seul, il développe naturellement ce que l’auteur appelle son ego en éprouvant les choses qui l’entourent via le mouvement fondateur. L’enfant est entièrement dédié à une force créatrice : celle de sa raison qui se construit en réaction à ce qui lui est extérieur et par l’expérience de ce qui l’entoure. Il faut donc laisser nos enfants toucher, goûter, apprivoiser les objets ; les détourner de leur usage habituel. C’est le prérequis à leur développement cognitif.

« L’enfant ne se meut pas au hasard. Il construit les coordinations nécessaires à l’organisation de ses mouvements, guidé par son ego qui le dirige depuis l’intérieur. Ce « moi intérieur » est l’organisateur et le coordonnateur potentiel qui « établit l’unité entre la personnalité psychique naissante et les organes d’expression, au prix de continuelles expériences intégrées. Il est donc important que ce soit l’enfant qui choisisse spontanément ses actes et qu’il les exécute lui-même. Mais ce mouvement constructeur prend la forme d’actions que l’enfant a vu s’accomplir autour de lui. »

Le mouvement est le support par lequel s’exprime la volonté naissante, il est fondateur de la personnalité de l’enfant.

« C’est grâce au mouvement que la volonté se répand dans toutes les fibres et se réalise. […] Les actions qu’il entreprend se manifestent non seulement en imprimant les images visibles de l’environnement mais aussi par le désir d’exactitude qu’il ressent dans l’exécution de ses actions. L’esprit apparaît alors tendu vers l’existence et la réalisation de soi »

Les conflits sur le chemin du développement

La lecture de cette introduction à la nature de l’enfant met rapidement l’accent sur les multiples et évidentes sources de conflits avec les adultes et les éducateurs.

« Il est évident que tant que l’adulte n’est pas conscient de l’importance de l’activité motrice de l’enfant. Il se contente d’empêcher cette activité qu’il considère comme perturbatrice »

Pour bien accompagner son enfant, l’adulte doit simplement mais absolument laisser libre champ à la liberté de l’enfant. Il  doit cesser de lui imposer ses codes et d’orienter ses actions de telle façon qu’elles ressemblent au maximum aux siennes. L’enfant n’est pas voué à ressembler aux adultes, à s’en approcher au maximum et devant être domestiqué dans cet objectif. Il est donc sain de laisser l’enfant toucher et manipuler les objets à sa guise, tester, éprouver, sentir, bref faire ses propres expériences.

« L’enfant, considéré comme gênant, ne vienne pas perturber la tranquillité des parents, ni détruire leurs objets personnels » ; « L’enfant se retrouve face à une formidable armée de puissants géants qui l’empêchent d’entrer dans le monde »

Dans ce but, l’auteur conseille d’en finir avec le sommeil forcé des enfants. Leur rythme naturel leur imposera d’aller se reposer quand ils en ressentiront le besoin. Le sommeil des enfants ne doit pas être un moyen pour les parents d’obtenir la paix ou de les éloigner pour éviter qu’ils ne fassent des dégâts.

« L’anxieuse avarice pour la défense des objets de l’adulte s’érige en « devoir de bien élever l’enfant pour qu’il acquière de bonnes habitudes ». Et la crainte du jeune perturbateur devient « la nécessité d’un repos abondant de l’enfant au bénéfice de sa santé » ». « Ces mêmes adultes, représentés par les mères ignorantes ou les professionnels de gardes d’enfants comme les nurses, condamnent les enfants, ces êtres si vifs, au sommeil »

« Une des premières formes d’aide à la vie psychique de l’enfant consiste à réformer son lit et les habitudes relatives au long sommeil qu’on lui impose en dépit des lois de la nature. L’enfant doit avoir le droit de dormir quand il a sommeil et de s’éveiller quand il n’a plus besoin de dormir, en se levant quand il en a envie. […] il faut abolir le classique lit d’enfant et le remplacer par un matelas très bas, quasiment au ras du sol, sans barreaux, et sur lequel l’enfant peut s’étendre et se lever selon sa volonté »

Maria Montessori inverse complètement le paradigme de l’éducation. Le parent s’adapte à l’enfant et non l’inverse. Il se met à sa hauteur et est cantonné à un rôle d’accompagnateur.

« De cet état de faits, il résulte que l’adulte devrait interpréter les besoins de l’enfant pour les comprendre en lui préparant un environnement approprié. C’est ainsi qu’une nouvelle ère de l’éducation pourra s’ouvrir, celle de l’aide à la vie. […] Il faut bien que l’adulte soit persuadé qu’il doit occuper une place secondaire, en s’efforçant de comprendre l’enfant avec le désir ardent de devenir son auxiliaire. Telle est l’orientation éducative que devraient suivre les mères et les éducateurs »

L’imitation

Sur ce chemin, le parent a le rôle de modèle, non au sens d’idéal à atteindre mais au sens de démonstrateur. L’enfant reproduit ce qu’il a vu faire et l’adulte montre. L’imitation est ce que l’enfant « a vu faire ». Il ne va pas le répéter immédiatement comme un singe « Les mouvements constructifs de l’enfant lui sont dictés par son psychisme et sont fondés sur une connaissance. La vie psychique doit être réactive et elle préexiste toujours pour cela aux mouvements qui sont en lien avec elle ; quand un enfant veut se mouvoir, il sait d’avance ce qu’il veut faire, et ce qu’il veut faire est une chose connue qu’il a déjà vue faire. » « Il s’agit d’une observation enregistrée ou d’une connaissance acquise. La mise en service de cette connaissance est un acte indépendant ».

Sur le chemin de l’imitation, les écarts de rythme représentent une autre source de conflit. Qui ne s’est jamais exaspéré de la lenteur de son enfant à accomplir des gestes qui nous apparaissent tellement faciles et élémentaires ?!

« L’adulte envisage toujours le but extérieur de ses propres actes et règle sa vie en fonction d’une sorte de constitution mentale ; il s’agit pour lui d’atteindre un objectif par le moyen le plus direct, c’est-à-dire en un minimum de temps possible, grâce à une sorte de devise mentale qu’on peut appeler « loi de l’effort minimum ».

Or, « l’acte que l’enfant est en train d’accomplir est constructeur de sa personnalité » « le rythme du mouvement fait partie intégrante de l’individu ; c’est un caractère qui lui est propre, au même titre que la forme de son corps. Si le rythme se trouve en harmonie avec d’autres rythmes similaires, il ne peut changer pour s’adapter à d’autres rythmes différents sans grandes souffrances »

La substitution de la personnalité

« A ce titre, l’adulte s’exaspère devant le rythme de l’enfant et se substitue à lui. » « Qui pourrait supposer que cette aide inutile apportée à l’enfant est la racine de toutes les répressions et, pour cela même, la cause des dommages les plus dangereux que l’adulte puisse occasionner »

Animé des meilleures intentions du monde, le parent a souvent tendance à se substituer à son enfant ; à faire à sa place, à le remplacer. Mais « La substitution de l’adulte à l’enfant ne consiste pas seulement à faire à la place de celui-ci ; elle peut-être l’infiltration de la volonté puissante de l’adulte dans celle de l’enfant ; ce n’est plus, dans ce cas, l’enfant qui agit, mais l’adulte qui agit à travers lui »

« On dirait qu’un mouvement se détache de l’ego qui devrait le diriger, comme si il avait été saisi par un autre ego, étranger et plus puissant. Cet ego étranger a eu cet immense pouvoir de dérober la personnalité infantile de ses propres organes »

3 conseils Montessori à appliquer au quotidien

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