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La parentalité positive, c’est la vraie vie, ce n’est pas du 100% réussi !

 
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La parentalité positive a le vent en poupe : des tonnes de bouquins, de vidéos, de blogs, d’articles (oh non, en voilà encore un dans Maman Vogue, pas moyen d’y échapper..!) inondent les rayons des librairies, nos tables de chevets et nos écrans. Ils viennent apporter un certain nombre de solutions aux (si petits !) problèmes et questionnements liés à l’éducation, sous la forme de points de vue et de conseils qui s’éloignent sensiblement de la manière dont la plupart d’entre nous ont été éduquées.

A la racine : une vision différente de l’enfant, de ses besoins, de la manière dont il fonctionne, dont il se développe, dont il apprend, dont il gère ses émotions. Une vision à présent étayée par les avancées scientifiques (la psychologie et les neurosciences se rejoignant). Super ! Enfin, le mode d’emploi de mon enfant ?!

Enfin un mode d’éducation qui marche !

Moi, maman, j’aurai la bonne attitude

Moi, maman, j’aurai la bonne attitude, je dirai les mots qu’il faut, et mon enfant se comportera bien tout en se sentant respecté dans ses besoins, et nous nous en irons main dans la main vers le soleil couchant (sous les yeux ébahis de la belle-mère et du voisinage au grand complet, qui n’en croiront pas leurs yeux que l’on puisse faire autrement qu’eux sans condamner automatiquement sa progéniture à la maison de correction).

Ou pas.

Tenez, chez moi :

  • Depuis que je rappelle à F., 4 ans, de ranger ses chaussures dans le panier prévu à cet effet dans l’entrée, non plus avec un ordre « range tes chaussures », mais en décrivant le problème : « je vois des chaussures par terre » : 80 % de succès au départ, nous frôlons les 95 % à présent, et puis bien souvent je n’ai plus rien à dire ;
  • Depuis que j’ai apposé une petite étiquette « les boutons de la machine à laver sont à maman » sur le lave-linge, en lisant le texte à mes deux enfants (4 ans et 2 ans, donc aucun ne sait lire), j’ai divisé par 10 le nombre d’interventions nécessaires pour les empêcher de tripoter cette @%&£ minuterie ;
  • Depuis que j’ai cessé d’interdire « arrête de taper ta cuiller sur la table » mais offert une alternative positive « la cuiller, c’est pour manger, pour taper tu peux prendre une baguette et un tambour après le repas », le vacarme a davantage lieu hors de ma cuisine ;
  • Depuis que j’ai remplacé la séquence pré-déterminée « bon, on s’habille, puis on fait le lit » par un choix « tu préfères faire le lit d’abord, ou d’abord t’habiller ? » (même si dans les faits, F. choisit TOUJOURS le même enchaînement), mes chances que ladite séquence se déroule 1. sans anicroche 2. dans un délai acceptable n’ont jamais été aussi bonnes ;
  • Et alors depuis que ledit F. fait la course avec son père pour savoir lequel est habillé « en premier », je ne vous dis pas à quel point le temps d’habillage lui-même s’est réduit !

C’est chouette, non ?

En effet.

Néanmoins : 80 % de succès, diviser par 10, réduire des 3/4, etc.

C’est pas du 100 % de réussite, ça !

Eh bien oui. Parce qu’il y a :

  • Les jours où, à ma description de problèmes, F. dit « non, c’est toi qui fais ! » , voire ramasse ses chaussures… [espoir espoir] pour les envoyer valser à l’autre bout de l’entrée..!
  • Ceux où les deux enfants tapotent le cadran de la machine, sourds à mes « qu’y-a-t-il d’écrit sur l’étiquette » ?
  • Les repas où je rêverais de les faire manger leur soupe AVEC LEURS DOIGTS parce que je ne supporte plus le bruit du métal ;
  • Et les matins où F dédaigne le choix offert et affirme « pas m’habiller, pas faire le lit, JOUER ! » ; et regarde son père s’activer à s’habiller d’un air tout aussi dédaigneux.

Alors je ne suis pas démunie, oh nooon, j’ai d’autres tours dans mon sac :

  • Concernant les chaussures, je rappelle les règles « les chaussures c’est dans le panier » ;
  • Concernant le lave-linge, j’ai recours à mon humour sans bornes : « ouille, ouille, j’ai mal à mes boutons » de ma plus belle voix de machine à laver (oui oui j’ai une TRÈS BELLE voix de machine à laver !) ;
  • Pour épargner mes oreilles, j’exprime mes besoins et mes limites en passant à l’action : « j’ai mal aux oreilles, j’ai besoin de calme, je sors de la cuisine pour le moment, vous me direz quand je peux revenir » ;
  • Pour la séquence du matin, paf, un petit rappel de la règle « le petit déj, c’est habillé, lit fait ! » ;
  • Et pour l’habillage, mon humour toujours sans borne ne me laisse pas en peine : j’attrape un slip affamé qui couine « je veux des petites feeeesses, je veeeeux des petites feeeeesses ! ».

Là encore, d’excellents taux de réussite.

Mais malgré tout, il y aura les jours où aucune de mes manières d’inciter mes enfants à coopérer ne portera de fruit visible.

F. se roulera par terre et jettera des objets, courra partout, tapera tout le monde autour de lui, et moi, son honorable mère, je ne serai pas forcément très loin de l’imiter, au moins en partie. Le tout, soit à l’abri chez nous, soit sous l’œil désapprobateur d’un public prompt à évaluer, à l’aune de quelques minutes d’observation, le succès promis à une telle éducation.

Et ce n’est pas tout : il y aura les jours où, dès le départ, je serai « mal partie ». Les bons vieux réflexes de communication étant toujours là, j’aurai dit « range tes chaussures ! » d’une voix plus ou moins aimable, beuglé « ôtez vos mains de là bon sang ! », hurlé « j’en ai marre, je t’ai dit 100 fois d’arrêter avec ta cuiller ! », critiqué  « non mais c’est pas possible une chambre aussi en désordre ! Comment tu fais ? » (précision : cette dernière question ne rentre pas dans la catégorie « question de curiosité »…), machinalement enjoint « bon, tu t’habilles, tu fais ton lit, tu discutes pas, go go go ! ».

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Parce que la parentalité positive, c’est la vraie vie… Ce qui signifie que ce n’est pas du 100 %.

Ce n’est pas du 100 % parce qu’être parent, c’est gérer deux être humains : son enfant et soi. Soit deux personnes qui ne sont pas des robots obéissant aveuglément à des injonctions / formules magiques, pour peu qu’on ait « les bonnes ».

Ce n’est pas du 100 % parce qu’en parentalité positive, on muscle maintenant la capacité de notre enfant à vouloir ce qui est bon plus tard. On pense avant tout à l’adulte qu’il va devenir (un adulte qui cherchera à résoudre des problèmes, sera sensible aux règles de la vie en société, aux besoins et aux limites des autres et aux siennes, …). On cherche à muscler une volonté, à inciter à coopérer, et c’est un long processus ! Qui se s’arrête pas à l’enfance, d’ailleurs. Nous-mêmes, réussissons-nous toujours à vouloir ce qui est bon ? Joker…

Ce n’est pas du 100 %, parce que s’intéresser à la parentalité positive nous amène à adopter une posture très différente de celle que nous avons pu observer autour de nous. C’est donc comme une langue étrangère. On a beau lire, réfléchir, s’entraîner, pratiquer, notre langue maternelle est toujours présente et nous nous mélangeons facilement les pinceaux entre les deux.

Tous ces ratés sont normaux. C’est la vie. Et la meilleure nouvelle dans tout ça : ce n’est pas grave, même pour nos enfants !

Chaque fois qu’une situation se passe « bien », nos enfants en apprennent tout de même quelque chose ; chaque situation qui se résout de manière constructive contribue déjà à l’harmonie familiale et à l’intégration, par eux et par nous, de nouveaux schémas de communication et d’interaction.

En ce qui me concerne, j’ai donc pris le parti de ne pas m’attarder trop sur ces ratés : au contraire, je prends sciemment du temps pour me remettre en mémoire ce qui s’est bien passé dans la journée, plutôt que les points … euh… un peu moins… enfin vous savez. Depuis que je fais cela, j’ai remarqué que cela améliorait aussi la manière dont les journées se déroulaient : il m’est plus facile de reproduire une situation réussie, aidée par la confiance en moi et en mes enfants que cela génère, que d’éviter la reproduction d’un raté, crispée sur ma peur !

 

 

Gwen, jeune maman de deux enfants de 4 et 2 ans, est blogueuse sur http://petitbout-petitbout.blogspot.fr/.
Elle y explore différents sujets au fur et à mesure de son cheminement, et notamment les possibilités qu’offre la parentalité positive pour concilier la santé émotionnelle de ses enfants et sa santé mentale à elle.

 

crédit photo: @darlingclementineshop.com

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