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Témoignages – Quand devenir mère engendre un harcèlement au travail

 
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Quand un nouveau statut personnel génère du harcèlement au travail, des mamans se confient sur les brimades et les mauvais traitements qu’elles ont subi à leur lieu de travail, lorsqu’elles sont devenues mamans.

Des réactions déplaisantes à l’annonce d’une grossesse

Chaque femme qui l’a expérimenté sait que c’est un moment extrêmement délicat et que l’on s’attend souvent à un accueil mitigé de la part de son patron ou de son équipe. Mais certaines femmes reçoivent des réflexions sans équivoque. « Après l’écho des 3 mois, j’annonce ma deuxième grossesse. « Arffffff », sans même se retourner ». Même pour celles qui ont la générosité de l’annoncer le plus tôt possible afin de permettre à leurs équipes de s’organiser en conséquence « J’ai essayé de combler le vide de son manque de réaction en indiquant vers quelle date je devrais m’absenter, pour combien de temps,…toujours aucune réaction. J’ai quitté la pièce, déconcertée ; il ne m’a plus parlé pendant des jours ni même envoyé un email ou un sms. Silence radio complet ».

Il y a aussi les réactions violentes, cruelles ou accusatrices «J’ai dû annoncer en même temps ma grossesse et mon arrêt à mon N+1 … et j’ai entendu « tu me mets devant le fait accompli ! Comment allons-nous faire ? Ce n’est pas un comportement digne de la confiance que nous avions mis en toi ». Moins brutale mais néfaste également, cette ironie latente et ces questions déplacées, qui sont également l’illustration d’une forme de violence verbale « Mais c’était voulu ? » ou bien « Oh un enfant ça va, c’est au deuxième que les femmes ne s’en sortent plus avec ce type de poste. Je sais j’en ai vu défiler. Au premier, elles gèrent encore mais au deuxième, elles sont complètement larguées ».

Un retour au travail marqué par une cascade de reproches, nouveaux et nombreux, subitement

À leur retour, certaines mamans trouvent des comportements totalement inédits chez leurs responsables ou dans leurs équipes « Subitement, il me coupait la parole, me tenait responsable des derniers problèmes abordés. » Au nom de la sacro-sainte disponibilité, de nouveaux blâmes pointent leur nez « je n’étais pas assez disponible, il ne pouvait pas compter sur moi et mes contraintes sur les soirées et les week-ends étaient ingérables ».

Parce que oui, avec deux casquettes, les mamans sont devenues moins flexibles et moins adaptables niveau horaires, elles doivent s’organiser plus en amont … mais n’en sont pas devenues incompétentes pour autant.

C’est pourtant un autre élément saillant qui ressort : au retour de congé maternité, nombreuses sont celles qui ont le sentiment de devoir refaire leurs preuves, même après des années de bons et loyaux services. « Après 7 ans au sein de cette entreprise, je reviens au travail après ma grossesse. Je n’ai plus vraiment de dossier en cours vu mon absence donc je comble un peu les trous en attendant que de nouveaux dossiers me soient attribués…rien ne vient.

Jusqu’à une période de charge intense au cabinet, on daigne m’accorder un petit dossier. Je me dis que la confiance est peut-être revenue…Ce dossier me sera retiré quelques jours plus tard car c’est un dossier compliqué et « vu mon état », mieux vaut le confier à quelqu’un d’autre ».

 

Mais aussi « A mon retour, lorsque je devais envoyer des écrits, des dossiers, des mails, il corrigeait ma ponctuation et me dictait parfois des phrases écrites de ma main quelques jours plus tôt… Il me reprenait sur ma “syntaxe” (pour la première fois de ma vie!), m’envoyait des mails à 23h, me hurlait dessus lorsque je ne lui répondais pas dans la minute ».

Certains patrons iront même jusqu’à totalement remettre en cause ce qui a été difficilement acquis « Coup de massue, à la fin de l’entretien houleux, il me demande si je suis vraiment faite pour le poste, question qui ne s’était jamais posée avant ma grossesse » ou encore « Mon patron a continué la discussion sur ma reprise de travail compliquée de cette façon “avec deux enfants, vous pensez vraiment en être capable de toute façon?” ». Des remarques qui vous poussent à vous demander si on ne cherche pas simplement à vous faire craquer pour vous laisser partir de vous-même…

Des remarques désobligeantes

Il y a aussi celles qui ont subi des remarques sous-entendant qu’elles ont tiré profit de leur état pour moins en faire du temps où elles étaient enceintes ou bien carrément prendre du repos non nécessaire « Vous avez pris un arrêt maladie de convenance »

Enfin, certaines n’ont simplement pas retrouvé leur travail. Celles à qui de façon insidieuse, on fera comprendre qu’elles ne sont plus vraiment indispensables, que l’entreprise a appris à faire sans elles, celles qui auront été remplacées de façon initialement temporaires et qui ne retrouveront officieusement pas leur poste.

Façon indirecte et lâche de les pousser vers la sortie. « Ma première semaine de retour au travail est horrible et humiliante: ma remplaçante, qui est restée en poste et dont je partage maintenant le bureau, pense que je suis sa secrétaire, elle m’envoie des mails (alors que nous sommes assises l’une en face de l’autre) pour me dire ce que je dois faire, de quels dossiers je dois m’occuper, en copie à tout le bureau. »

Des situations de détresse

Beaucoup de mamans subissent de façon directe ou non une culpabilité lourde lors de leur retour au travail. Pourtant, pourquoi culpabiliser de suivre l’évolution naturelle d’une femme de son temps ? Même lorsque les absences ont été anticipées, les travaux transmis correctement, certaines mamans acceptent de décaler leur début de congé pour accompagner au mieux la transition dans leur entreprise tant elles se sentent coupables de s’absenter.

Culpabilité alimentée par des remarques déplacées ou haineuses de leur entourage professionnel « Vous auriez dû revenir plus tôt, je comptais sur vous, j’avais besoin de vous, vous n’étiez pas là », « c’est de votre faute si on a failli ne plus avoir de dossier, vous êtes partie et m’avez laissé seul dans des conditions difficiles, heureusement que le reste de l’équipe était là pour assurer » ou encore « Nous, on travaille ici, on n’est pas ici à jouer / faire des gazouillis avec un bébé. Tu crois que c’est facile de planifier ton retour dans de telles conditions, avec tout le travail qu’on a ? ».

Il semble que certains employeurs sont tellement frustrés par la situation qu’ils en perdent le sens commun. Ils se montrent d’autant plus agressifs, humiliants ou simplement condescendants qu’ils ont mis de l’espoir dans une collaboratrice sur laquelle ils ont appris à compter.

Comme si subitement avoir « failli » pour cause de maternité était devenu une tare et générait une réaction aussi extrême que les attentes étaient élevées ou la qualité de la relation professionnelle était bonne. Ces comportements exagérés tirent profit de la culpabilité qui s’est de toute façon insinuée chez des mamans qui doivent maintenant assurer sur tous les fronts.

Le climat délétère au travail créé les conditions de souffrance et de stress lourds à porter « Lorsque je voyais son nom apparaître sur mon téléphone, je tremblais ». Le sujet de la famille devient, de fait, tabou, même dans les relations professionnelles les plus banales « Lors d’un dîner d’entreprise, j’ai entendu: “Pour 2017 je ne vous souhaite pas une autre grossesse!” ».

Dès lors, comment aborder la gastro du deuxième ou les problèmes de nounou lors de la pause café ? La maternité et la vie de famille dans son ensemble deviennent le vilain secret caché dans le placard.

Et ces brimades laisseront des traces qui faussent les réflexes  « Lorsque j’ai appris pour ma seconde grossesse, j’ai tout de suite pensé à lui et j’en suis venue à penser que “ce n’était pas cool” pour la boite…» Une culpabilité latente et silencieuse

Comment en sortir

Bien sûr ces situations et ces actions/réflexions que l’on peut qualifier de harcèlement sont, pour la majorité, punissables par la loi. Mais souvent, se lancer dans une bataille judiciaire retarde seulement la cicatrisation des blessures.

Il reste toujours les solutions d’en parler au maximum, en interne aux ressources humaines qui sont là pour être vigilants à ce genre de sujet et lancer les plans d’actions nécessaires ; à notre entourage pour décompresser, verbaliser ou simplement éviter de taire ses émotions à l’excès et enfin en parler à des tiers comme les psychologues qui sont là pour apporter des solutions plus larges que celles quotidiennes sur le lieu de travail.

 

Credit photo : ©Virginie Hamon

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