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"Mon mari m'a abandonnée pendant ma grossesse. Je me suis battue pour ma fille."

 
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« L’histoire que je souhaite raconter est celle d’Elsa, ma fille de presque 6 mois, et la mienne. Mon envie de témoigner est motivée par le fait que ce que nous avons vécu toutes les deux n’est peut-être malheureusement pas un cas isolé, mais sûrement bien trop peu évoqué. Elsa fait aujourd’hui mon bonheur, et je mesure chaque jour la chance que j’ai de l’avoir en pleine santé, après ce que nous avons traversé.

Après 8 ans de vie commune, quelques mois à peine de mariage, et 5 mois de grossesse, mon mari, le papa de ma fille, m’a fait asseoir sur le canapé pour me dire qu’il allait partir, n’ayant plus de sentiments pour moi et m’ayant trompée. Ce fut un choc terrible et, sur le moment, je n’ai pas réalisé l’ampleur de ce qui allait suivre.  Nos relations ne s’améliorant pas, je n’ai pas eu d’autres choix que de terminer ma grossesse seule et de déménager à 6 mois de grossesse, afin d’accueillir ma fille dans l’environnement sain qu’elle méritait.

Je suis alors passée par tout un tas de sentiments : j’ai d’abord connu des moments où je ne voulais plus de ce bébé qui était en moi, mais je culpabilisais aussitôt de pouvoir penser cela ; j’ai pleuré tellement fort que j’en avais du mal à respirer et que mon bébé bougeait dans tous les sens ; j’ai terriblement manqué de tendresse et d’attention de la part de mon mari; je me suis torturée l’esprit à essayer de comprendre comment il était possible d’abandonner et ne plus aimer la femme qui porte son enfant si soudainement…

Bizarrement, et malgré tout cela, j’ai finalement réussi à me reprendre rapidement et à garder un état d’esprit relativement positif. J’ai développé une sorte d’instinct de survie et de protection envers ma fille, et j’ai senti qu’elle me donnait de la force en retour pour garder la tête hors de l’eau. J’ai donc continué à m’occuper de nous : manger équilibré (après une semaine de perte de poids suite au choc et à la violence de l’annonce), aller à tous les rendez-vous médicaux et aux cours de préparation à l’accouchement avec un proche, rester très entourée de ma famille et de mes amis.  J’ai aussi pris des cours de yoga prénatal, ce qui m’a personnellement énormément aidée à me canaliser et à profiter d’instants privilégiés et précieux avec mon bébé. Rapidement, j’ai informé mon travail de la situation, et tout un élan de solidarité s’est mis en place pour m’aider. J’ai été très émue de ce soutien général, mais j’ai également dû gérer un ascenseur émotionnel de tous les instants : je me sentais épanouie auprès de mes proches, mais j’avais par ailleurs un fort sentiment de solitude face à des moments clefs de la grossesse, comme lorsque je sentais le bébé bouger, par exemple, et que le principal intéressé n’était pas à mes côtés pour le partager…

Le père de ma fille a été présent à l’accouchement car je lui ai demandé de venir, je ne me voyais pas vivre ce moment seule. Cela a été une étape psychologiquement très compliquée, car j’avais déjà l’impression qu’il m’avait volé une fin de grossesse heureuse et j’ai eu du mal à gérer mes émotions face à un moment de vie où nager dans le bonheur parait évident, mais où je n’y arrivais pas étant donné le contexte : comment profiter pleinement de cette naissance alors même que le papa ne m’aimait plus et m’avait lâchement abandonnée enceinte quelques mois plus tôt ? Comment faire pour apprendre à être mère seule ? Allais-je réussir à aimer ma fille malgré tout..?

Je pense qu’un des moments les plus durs, et dont je me souviendrai toute ma vie, a finalement été après l’accouchement, sur mon lit d’hôpital, le berceau du bébé à côté, le père de ma fille sur un siège en face. J’ai fondu en larmes, il m’a regardée de loin, sans rien dire. Etant épuisée après une césarienne d’urgence, vulnérable, et en ayant besoin, je lui ai demandé un câlin qu’il est venu me donner mais sans en avoir réellement envie. A ce moment-là j’ai compris que je ne verrai jamais dans ses yeux l’admiration que je méritais pour avoir mis au monde sa fille et que je devrai faire le deuil de la famille dont je rêvais. En plus de m’avoir volé une fin de grossesse heureuse, le père de ma fille m’a donc aussi volé des premiers moments de vie sereins auprès de mon bébé.

Aujourd’hui, même plusieurs mois après l’accouchement, j’ai une très forte colère qui éclate et certaines réalités m’arrivent en face maintenant seulement, comme si j’avais été anesthésiée pendant la grossesse. J’ai parfois même l’envie que ma fille revienne dans mon ventre, afin de ne pas avoir à la partager avec son père qui ne la mérite pas. Ce contre coup n’est pas à négliger car il arrive sans prévenir. C’est important de le prendre en considération, de l’affronter et de se faire aider. J’ai été suivie par un psychologue durant ma grossesse et je continue actuellement, car il y a désormais tout un aspect psychologique sur lequel je dois travailler pour comprendre et gérer ces émotions, parfois inattendues, parfois chargées de culpabilité.

Je pense que le premier pas vers la guérison de ce traumatisme est de reconnaître qu’il s’agit d’une épreuve, de tout faire pour se donner les moyens de la surmonter et de transformer la colère qui en a résulté en énergie. C’est la raison pour laquelle à l’heure actuelle, j’ai décidé de faire de mon histoire un réel combat : j’ai l’envie et le besoin de partager mon vécu en témoignant, de m’engager auprès de femmes vivant des situations similaires et de leur apporter le soutien que j’aurais aimé trouver lorsque j’étais enceinte et que le papa nous a abandonnées. J’ai des projets d’implication dans des associations et j’aimerais, à terme, créer ma propre association car il n’existe pas beaucoup de structures adaptées.

Pour le mot de la fin, j’ai envie de mettre l’accent sur l’incroyable et exceptionnelle force de protection que nous trouvons en nous lorsque nous sommes enceintes face à un événement compliqué, et dont je n’imaginais personnellement pas la moindre existence. C’est quelque chose de très beau et un lien très particulier avec le bébé avant même sa naissance, et cela personne ne pourra le voler. Merci à Elsa, ma fille, de m’avoir donné tant de force. Nous irons loin toutes les deux ! ».

Elodie

 

Credit Photo ©momtastic.com

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