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Témoignage – "J'ai été harcelée au travail à mon retour de congé maternité"

 
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Merci à cette maman de nous raconter son retour au travail après son congé maternité. Elle s’est fait mettre au placard subitement, sans aucune raison valable par ses supérieurs hiérarchiques. Elle s’est alors retrouvée dans des situations de détresse… 

Des réactions  déplaisantes à l’annonce de ma grossesse

Pour ce qui est de mon vécu, je suis tombée enceinte alors que j’étais salariée depuis un peu moins de 2 ans dans une agence d’architecture d’une 20aines de personnes. L’annonce de ma grossesse a plutôt été très bien perçue par mon patron et j’ai été très soutenue par l’assistante de direction tout au long de ma grossesse et lors de mon retour. En revanche ma supérieure hiérarchique directe m’a ignorée cordialement durant toute ma grossesse. 

Je gérais seule trois dossiers complexes et malgré mes demandes par mail ou par oral elle refusait de m’aider lorsque je lui demandais du soutien. Elle n’a pas voulu venir aux réunions où j’aurais eu besoin de sa présence. Lorsque je la tenais informée des obstacles rencontrés sur mes dossiers elle me répondait inlassablement « tous les dossiers sont compliqués et on a tous des projets de merde donc il faut se débrouiller ». Mon départ en congé maternité approchant, elle ne m’a pas désigné les personnes qui allaient reprendre mes dossiers si bien que je n’ai pas pu leur présenter l’état d’avancement du travail et je n’ai pas pu leur transmettre les dossiers.

Je travaillais dans une petite structure où la plupart des choses se font à l’oral et où l’on écrit très peu de notes si bien que lors de mon retour je n’ai pas pu prouver autant que j’aurais aimé le faire son manque de professionnalisme et d’anticipation concernant mon départ. Par ailleurs j’ai appris qu’elle avait mis 2 personnes à plein temps sur mon dossier principal alors qu’elle m’avait laissé gérer seule, tout au long de ma grossesse, ce dossier et deux autres supplémentaires.

 

J’ai quitté l’agence mi avril avec un pot de départ très sympa où presque tous mes collègues sont venus souriants et détendus. J’ai travaillé le plus longtemps possible, décalant mon arrêt avant l’accouchement de 3 semaines comme il est possible de le faire parce que j’aime mon travail et que je me sentais capable de travailler jusqu’au bout pour profiter le plus longtemps possible de ma fille après sa naissance.

 

Ma fille est arrivée en pleine forme et je me suis plongée dans les premiers mois avec elle en gardant des contacts amicaux avec certains de mes collègues mais en me détachant des questions professionnelles.

 

En août juste avant de partir en vacances j’ai été prévenue par des gens bienveillants gravitant autour de mon agence qu’il fallait que je prenne mes gants de boxe pour mon retour en septembre et que je n’arrive pas la bouche en cœur. Le retour allait être plus difficile que je ne l’aurais imaginé: ma supérieur avait profité de mon absence pour déverser 1 an de reproches et d’aigreur accumulé contre moi dans les oreilles et mon patron et des équipes et Mme M. qui avait repris un de mon dossier le plus compliqué m’avait savonné la planche en remettant en cause mon professionnalisme auprès de la terre entière, plutôt que d’assumer que ce dossier était trop conséquent pour elle qui avait peu d’expérience.ALT-harcelementtravail-mamanvogueALT-harcelementtravail-mamanvogue

Un retour au travail marqué par une cascade de reproches, nouveaux et nombreux, dès mon premier jour

Le jour de mon retour, 2 heures après mon arrivée, mon patron m’a convoquée dans son bureau pour me présenter un dossier énorme constitué par ma supérieur contre moi et un courrier A4 rectoverso listant mes défaillances sur mes dossiers… Je ne saurais vous dépeindre l’état de détresse et de colère dans lequel je me suis trouvée. Apres 4 mois de déconnexion avec le monde professionnel je lisais cette liste et essayais de retrouver les raisons ou les ordres que j’avais suivi et qui m’avaient amené à faire ces choix qu’on me reprochait là… Je n’avais plus l’historique en tête, pas du tout l’esprit a entrer dans une guerre professionnelle, tout ce qui m’intéressait ce jour là c’était de savoir si l’assistante maternelle qui gardait ma fille était une personne bien et si ma fille était heureuse avec elle…

 

Mon patron m’a ensuite annoncé qu’en mon absence toute l’équipe s’était montée contre moi et qu’il m’incombait de me réconcilier avec tous… Et effectivement les médisances et les couteaux dans le dos plantés par Mme V. et Mme M. en mon absence, avaient fait de moi la paria de l’agence, a tel point qu’un de mes collègues avec qui je pensais entretenir de bonnes relations a refusé de me dire bonjour pendant plus d’une semaine à mon retour au cas où ma disgrâce pourrait l’éclabousser et nuire à son ascension professionnelle.

 

Pour conclure l’entretien, mon patron m’a annoncé que ma supérieur avait demandé qu’on me mette un avertissement de travail, que je pouvais ranger mon bureau et mes mails en attendant qu’il me trouve un dossier sur lequel je pourrais travailler puisqu’il ne me rendait pas mes anciens dossiers…

 

Après ça, j’ai été mise au placard avec toutes les humiliations quotidiennes que cela peut engendrer. On ne me donnait presque pas de travail malgré mes demandes insistantes, Mme V. ne communiquait avec moi qu’au travers de tierces personnes, ne me transférait pas les mails des clients sur les dossiers qu’elle ne voulait plus gérer si bien que les relations avec les clients sont vites devenues conflictuelles.

 

J’ai choisi de faire profil bas, de reconstruire peu à peu les relations cordiales avec les uns et les autres (leur changement d’attitude ne tenant que sur l’acharnement de Mme V. et Mme M. à me nuire ils changèrent vite d’avis pour la plupart).

 

J’ai accepté qu’on me traite comme une jeune débutante me réexpliquant jour après jour comment faire mon travail, relisant les mails que j’écrivais avant de me donner l’autorisation de les envoyer, me confiant pour une semaine des taches qui me demandaient 2 heures de travail. Je me suis peu à peu isolée de mes collègues tant je me sentais mal dans ma peau, parfois le soir après avoir récupéré ma fille  je m’effondrais en larmes et j’étais alors incapable de m’occuper d’elle, la laissant seule sur son tapis de jeu le temps que mes crises de sanglots s’apaisent plutôt que de lui faire ressentir tout mon mal être.

Des situations de détresse

J’étais épuisée nerveusement, j’enchaînais les nuits d’insomnies, j’ai perdu complètement confiance en moi, peu à peu leur harcèlement m’a affaiblie, diminuée je me suis mise a douter de mes compétences de mon aptitude a faire des choix, tout me semblait insurmontable, je m’écroulais pour la moindre contrariété…

J’ai essayé en vain de rétablir la situation et malgré le fait que mon patron me dise qu’il était content de mon travail et que j’étais quelqu’un de professionnelle la puissance de Mme V. était telle qu’ils ne m’ont pas sorti du placard et que je continuais chaque jour à aller au travail la boule au ventre dans un milieu qui me détruisait peu à peu. Mon mari me soutenait énormément, ma famille aussi, voir ma fille grandir et s’épanouir m’aidait à persévérer et à me battre mais j’ai fini par craquer et après avoir fait une crise de panique et un malaise en sortant d’une réunion avec Mme V.

J’ai fini par aller voir un médecin qui m’a arrêté, qui m’a recommandé auprès d’une psychiatre et d’une psychologue du travail, pour que je puisse reprendre des forces et me mettre a chercher activement un autre emploi…

Reprendre confiance en soi

Dans cette situation où on a perdu complètement confiance en soi, où l’on est déjà entrain de reconstruire un nouveau rythme un nouvel équilibre familial, devoir changer d’emploi alors que ce n’était pas mon choix a été très dur et passer des entretiens alors que je me sentais incapable d’écrire un mail me demandait une énergie folle et une force d’auto persuasion. Mais avec le soutien de mon entourage et les mots d’encouragements de beaucoup de personnes m’ayant connu professionnellement, j’ai fini par décrocher un autre poste et j’ai pu poser ma démission pour me sortir de cet enfer!

J’ai peu à peu repris confiance en moi, simplement en évoluant à nouveau dans un milieu positif et bienveillant. J’ai retrouvé le goût pour mon travail et l’envie de découvrir mes nouveaux collègues, j’ai trouvé un rythme qui me permet de passer de bons moments avec ma fille tout en m’investissant dans mes projets et je me dis qu’un jour ma fille sera peut être fière de sa maman…

 

Je sais que l’on apprend beaucoup de ses échecs et si je revis un jour une grossesse je sais que j’anticiperai beaucoup plus la transmission de mes dossiers, j’acterai par écrit mois après mois les demandes de mes supérieurs sur mes dossiers.

Je garderai avec moi une copie de l’état d’avancement de mes dossiers lors de mon départ. Je constituerai des preuves de mon investissement et mon professionnalisme tout au long de ma grossesse pour être parée au cas où l’on me concocte à nouveau un tel retour. Je serai vigilante pour ne pas revivre cette tempête qui m’a profondément abîmée, qui m’a privée de tant de minutes précieuses à rire et jouer avec ma fille et profiter de ma famille.

Aurelie
©Virginie Hamon

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