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Saut d’une génération « Chéri, on a des jumeaux ! »

 
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Comment avez-vous réagi à l’annonce d’une grossesse gémellaire ? et le papa ?

Le père de mon mari est vrai jumeau, de son côté il a donc grandi avec le lieu commun « ça saute une génération donc tu vas avoir des jumeaux » : il était préparé psychologiquement ! De mon côté c’est assez curieux mais petite je m’imaginais avec des jumeaux, sans doute parce que j’ai un lien très fort avec mon frère ainé avec qui j’ai deux ans d’écart. Lorsque je suis tombée enceinte, après la prise de sang, nous sommes allés voir si les taux d’hormones correspondaient à une grossesse gémellaire (ce qui déjà en soi est une drôle de démarche, je m’en rends compte aujourd’hui), et pas du tout !

Nous avons été un peu « déçus », le mot est évidemment fort mais disons qu’on aurait été content de voir que j’attendais des jumeaux. Les semaines sont passées et avec elles sont arrivées les premiers maux de grossesse : j’ai d’un coup été submergée par la fatigue et les nausées. Quand je dis submergée je pèse mes mots ! C’était terrible, les weekends, il m’est arrivé de passer des journées où j’étais debout seulement 3 heures dans la journée… Ce qui est loin, très loin d’être dans ma nature.

Instinct maternel

Alors au bout d’un moment, j’ai été envahie par un sentiment curieux : j’avais le sentiment, la conviction même, que je n’attendais pas qu’un seul bébé. J’ai commencé à en parler à mon mari, et lorsque nous sommes partis à la première échographie, je m’attendais vraiment à une confirmation de deux bébés… Lorsque l’échographie a commencé, j’ai à peine eu le temps de dire que nous ne souhaitions pas connaître le sexe que j’ai vu apparaître à l’écran deux poches ! J’ai compris tout de suite, au moment où l’échographe nous disait « ah donc vous ne voulez pas connaitre le sexe du… heu… des bébés » !

Ce moment est une espèce de moment d’éternité que je garderai toute ma vie : le sentiment que j’ai ressenti en voyant ces deux poches, comme la confirmation de ce que je ressentais, puis le regard de mon mari submergé de bonheur. C’était extraordinaire. Nous avons passé cette journée sur un nuage, c’est dans la nuit que nous avons eu un coup de massue. Tous les risques liés à la grossesse gémellaire, et tout ce que signifie avoir des jumeaux en termes de logistique, d’organisation, de finances… nous avons passé la nuit à énumérer tous les « problèmes » potentiels, mais dès le lendemain nous étions en action pour nous préparer à cette double arrivée.

Cela demande t-il plus d’effort et de patience ? d’organisation ? des exemples concrets ?

J’ai du mal à comparer, forcément, car ce sont nos premiers bébés. Mais je pense qu’effectivement cela demande de la préparation : il faut se tenir prêt à leur arrivée, se renseigner, apprendre de toutes les autres familles qui ont vécu cela avant nous. Je pense qu’on peut parler à n’importe quel parent de multiple, il vous dira que le maître mot c’est « organisation » !

Pendant le dernier trimestre, on a ainsi récupéré toutes les bonnes astuces pour « survivre » aux premiers mois . La première étant de les caler sur le même rythme, de manière à pouvoir souffler entre deux biberons (je ne les allaitais pas, je suppose que ce conseil est plus difficile à appliquer lorsqu’on allaite). Ainsi la nuit, le premier qui se réveillait donnait le signal pour toute la famille : on se levait tous et à chaque parent un bébé. En trente minutes, c’était bon et tout le monde pouvait redormir tranquillement.

On préparait aussi pas mal de choses à l’avance : les dosettes de biberons, les commandes de couche, pour ne pas être « entravés » par les soucis quotidiens. Je pense également que cela demande un vrai lâcher prise : il faut accepter qu’une tornade nous emporte, et de ne plus contrôler sa vie comme avant. OK l’appartement n’est pas rangé, OK on n’a plus le temps de manger des plats faits maisons… Et bah tant pis, ça ne durera pas mais en attendant on fait le dos rond pour mettre à profit les moments où les bébés dorment pour dormir, être ensemble, bref, se préserver. Du coup je dirai que cela demande plus d’effort, c’est certain car il y a plus à faire qu’avec un seul bébé, mais également de l’organisation et du lâcher prise !

Aviez-vous fait une préparation à la naissance particulière ?

Nous avons suivi une préparation à l’accouchement seuls avec une sage femme libérale. Ça a créé un lien très fort avec cette sage femme qui nous a aussi suivis après, et cela nous a permis de nous sentir libres de poser toutes les questions que cette double naissance soulevait. J’ai préféré faire comme cela plutôt que de me rendre à des cours collectifs car j’avais le sentiment que cela ne répondrait pas forcément à la spécificité d’une grossesse, d’un accouchement et d’un « après » grossesse multiple. C’est un conseil que je donnerai à toutes les futures mamans de multiples ! Y aller avec le papa, dans la mesure du possible, me semble également très important pour que chacun se tienne prêt au bouleversement que cela représente (c’est d’ailleurs valable pour toutes les naissances je pense).

Comment s’est passé votre accouchement ?

J’ai accouché par césarienne, en présence de mon mari, et nous ne connaissions pas le sexe des bébés. L‘accouchement a eu lieu à 39+2, ce qui est super pour des jumeaux : c’est une vraie chance d’être passés à travers la menace de la prématurité avec laquelle nous avons cohabité tout au long de ma grossesse. La première rencontre avec nos bébés a été un moment extraordinaire ! La situation s’est un peu compliquée par la suite car j’ai fait une hémorragie de la délivrance extrêmement grave. Mais grâce à l’efficacité des équipes qui m’ont prises en charge, tout cela n’est plus qu’un mauvais souvenir. J’ai vécu plusieurs mois avec le traumatisme et le souvenir de cet incident mais aujourd’hui, avec le recul, je suis réconciliée avec mon accouchement et le moment qui me reste est le premier regard échangé avec chacun de mes fils. C’est indescriptible…

Et après la naissance, avez vous reçu de l’aide ? Famille, aide de l’état, nounou…

Nos familles étant loin et très occupées, nous avons été seuls jusqu’à ce que je reprenne le travail (aux 6 mois des garçons). Nous étions juste au dessus des minima nous donnant droit à des aides de l’Etat ! Heureusement, nous avions décidé avant la naissance que mon mari prendrait un congé parental pour s’occuper des bébés, nous avons donc passé les 6 premiers mois de la vie de nos bébés tous les 4.

Un travail d’équipe

Je pense que si on s’est si bien sortis des premiers mois, c’est parce que c’était un vrai travail d’équipe : tout s’est fait à deux avec mon mari. Il a arrêté de travailler deux semaines avant l’arrivée des bébés, et est resté avec eux lorsque j’ai repris le travail. Je sais que notre situation est sûrement « extrême » mais je reste persuadée qu’il est indispensable que le papa soit profondément et quotidiennement impliqué dans l’arrivée et la gestion quotidienne de ses enfants. Etre deux nous a permis de répartir les tâches et d’être en nombre égal « face » aux bébés : du coup nous nous demandons comment font les parents de triplés !!

Et heureusement que nous avions mis en place cette organisation parce que les premiers mois (jusqu’à la diversification je dirai) sont vraiment difficiles. Ce n’est pas la privation de sommeil qui nous a le plus affectés, car nous avons dès les premiers jours décidés de vivre au rythme des bébés (en gros, faire la sieste en même temps qu’eux et se dire que le ménage attendra….), donc nous n’en avons pas vraiment souffert. C’est la répétition des gestes qui nous a usés et fatigués, avec une mention spéciale pour le lavage des biberons !! Avec 16 biberons par jour au début, on avait l’impression de ne faire que ça… on rêve du jour où quelqu’un inventera une machine qui le fera simplement !

Une organisation sur la durée

Lorsque j’ai repris le travail, mon mari est donc resté avec les garçons, nous avons simplement pris une nounou un ou deux après-midi par semaine pour qu’il puisse souffler un peu et faire autre chose. A la rentrée, ils iront certainement une journée par semaine à la crèche de manière à se mélanger à d’autres enfants !

Parfois nous avons regretté de ne pas avoir plus d’aide de la part de nos familles, dans les moments de fatigue. On aurait peut-être voulu que certains soient plus proactifs pour nous proposer un peu d’aide de temps en temps. Mais en même temps nous n’avons jamais rien demandé, donc on ne peut pas leur en vouloir ! Il est vrai qu’avoir des jumeaux expose tellement à des remarques « négatives » (mes pauvres, c’est dur, c’est horrible, je ne sais pas comment vous faites), qu’on a tendance à « surjouer » le fait que tout va bien, du coup il est plus compliqué de demander de l’aide… c’est la rançon du bonheur !

Quels sont les gestes à vite apprendre et mettre en place ?

Je dirai que l’apprentissage des gestes se fait assez spontanément, surtout si on s’organise bien. Parmi les rituels, on peut parler de celui du bain : je dois dire que le bain tous les jours a vite été oublié chez nous ! Tous les 2 ou 3 jours, en complément d’une toilette à la main, est largement suffisant. Nous avons tout testé avant d’en arriver là ! On a très vite abandonné le bain pour les deux tous les jours, on a ensuite testé le un jour sur deux pour chacun (ce qui revenait quand même pour nous à faire un bain tous les jours), au final on est arrivé au bain le même jour (comme ça on ne sort les affaires qu’une seule fois) et tous les 2 ou 3 jours.

Il faut également assez vite leur apprendre à prendre le biberon tout seul, coincé avec un coussin, par exemple, car au final, ce qui reste le plus dur avec des jumeaux, c’est de gérer les crises « en même temps ». Il faut « choisir » celui que l’on réconforte en premier, au début c’est assez bizarre, cornélien et déchirant !

Jongler avec amour entre les deux

Mais très vite on se rend compte qu’on alterne d’une fois sur l’autre, du coup pas de jaloux… et plus vite ils sont autonomes, plus vite ces moments s’espacent… Enfin, dans la même lignée, on a pour notre part toujours veillé à alterner qui donnait à manger à qui, de manière à ne pas créer de relations exclusives avec l’un ou avec l’autre. On a également dès le début mis de côté des affaires spécifiques : autant on a toujours mélangé les bodys, autant ils ont leurs habits bien définis pour chacun (en fonction de leur personnalité, tel ou tel petit personnage par exemple), chacun leur siège auto ou chacun leur transat… La sieste, qui est un moment propre à chaque bébé, se fait également séparément.

Pour résumer, il faut très vite adopter un comportement de funambule : veiller d’un côté à une organisation commune pour les « rendez-vous » que sont les repas, le bain, le coucher du soir ; et créer des moments ou des environnements individualisés pour tout ce qui est propre à chaque enfant. Cela crée un équilibre qui évite beaucoup de frustrations je pense, car on a jamais (rarement 😉) l’impression de moins bien s’occuper de l’un ou de l’autre en faisant cela.

Comment faire pour souffler un coup et prendre soin de soi 2 minutes ?

On en revient toujours au même mot mais l’organisation c’est vraiment le plus important. En calant bien ses bébés et en s’organisant bien, les moments où on se mobilisait pour les bébés s’espacent et permettent de souffler. Après, j’ai sans doute une approche un peu « égoïste » de ce sujet : je pense sincèrement que des enfants heureux sont le fruit de parents qui le sont. Donc j’hésite rarement à m’offrir un moment de liberté (souvent une séance de sport en ce qui me concerne, soit une petite heure) dès que j’en ai l’occasion ou le besoin ; et inversement je fais en sorte que mon mari puisse également souffler régulièrement. Pendant ces petites « pauses », c’est l’autre qui prend le relais, cela se fait du coup assez simplement. Cela nous évite d’accumuler de la frustration !

Quelle relation ont les jumeaux entre eux ?

Les premiers mois (jusqu’à quasiment 4 mois je dirais) sont assez curieux, car nos bébés se concentrent vraiment sur leurs besoins « primaires » : manger, dormir, leurs parents… et n’ont aucune conscience de l’autre. Les premiers jours à la maternité, ils étaient dans le même berceau (pourtant c’étaient de gros bébés de 3kg et 3,4kg !), ils se mettaient les mains dans les yeux, dans le visage, sans que jamais cela ne les gêne. Vers 4 mois, ils ont commencé à prendre conscience de l’autre, cela a commencé par des regards, puis le matin des grands sourires lorsqu’ils voyaient l’autre. Aujourd’hui ils ont 7 mois et commencent à jouer ensemble : leur activité favorite actuelle est les chatouilles. Ils sont en fou rire tous les deux ! C’est assez incroyable.

Avez-vous des conseils à donner aux autres mamans dans votre cas ?

Je transmettrai les conseils qui m’ont le plus servi : le premier, se rapprocher de l’association Jumeaux et Plus de son département car c’est plus qu’une mine d’informations. Enceinte, cela m’a permis d’accéder à des informations qui concernaient spécifiquement les grossesses gémellaires, ce qui n’est pas si facile à trouver. Nous avons également rencontré d’autres couples qui attendaient des jumeaux en même temps que nous, du coup on s’est tenu compagnie quand nous étions en congé maternité avant l’arrivée de nos bébés, et depuis nous échangeons régulièrement trucs et astuces ! Et ces associations permettent également de louer du matériel, c’est vraiment pratique. Pour le reste j’en reviens toujours à l’organisation et à l’importance du papa !

Et je terminerai par l’indulgence… deux bébés c’est extraordinaire mais c’est aussi « violent » : pour le corps, qui met plus de temps pour s’en remettre, et pour l’organisation familiale. Alors il faut être indulgent et se dire qu’on a d’autant plus le droit de ne pas être parfaits et de « juste » faire tout ce qu’on peut et au mieux pour nos enfants. Je pense qu’on ne le dira jamais trop !

 Sylvaine

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