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Témoignage : Ma première nuit de maman

 
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Ma première nuit de maman… c’était il y a deux ans et pourtant je m’en souviens comme si c’était hier.

Bien que j’y ai repensé souvent, elle m’est revenue de plein fouet ce matin, quand, après une nuit entrecoupées par tes appels plaintifs de petite malade je me suis réveillée, surprise, étendue à tes côtés, serrée contre ton corps tout chaud dans ton lit une place.
J’ai ouvert mes yeux pour découvrir les tiens, paupières closes, le visage enfin apaisé après plusieurs heures de fièvre, la respiration régulière. Et je me suis revue, deux ans plus tôt, loin d’ici, dans une ville où nous vivions avant, cette ville où tu es née, serrée contre toi ce matin-là aussi, dans ce lit d’hôpital.

La lumière de l’aube venait doucement réveiller la maternité et annonçait ton premier matin, le tout premier de ta vie, toi qui venait de naître l’après-midi précédente.
Tu avais déjà ce même visage, cette expression paisible et comblée, ta bouche en coeur entrouverte qui laissait échapper ton souffle régulier de celle qui dort profondément.

Ce matin-là, il y a deux ans, moi j’étais terrorisée. Mais j’étais aussi heureuse. Après plus de 48 heures sans dormir je m’étais enfin assoupie, à tes côtés, sans m’en apercevoir, cette nuit-là non plus.

Je m’étais endormie épuisée, perdue, et je m’étais réveillée sereine, te découvrant à quelques centimètres à peine de moi, mon bras engourdi coincé sous ton petit corps chaud pour te maintenir dans un geste maternel qui m’était venu sans que je m’en rende compte.

Pourtant, j’ai bien cru qu’on y arriverait pas, cette nuit-là, toi et moi.
Après l’adrénaline des heures qui avaient suivies ta venue au monde, les visites de nos proches, le départ de ton père au crépuscule, j’avais ressenti une profonde angoisse à l’idée de me retrouver seule avec toi.
Tu t’étais mis à pleurer, évidemment, et moi, jeune maman, perdue, sans expérience, je ne savais pas comment te consoler.
Tu ne voulais pas téter, j’avais changé ta couche et pourtant tu pleurais…

J’ai eu peur, oui de toi, de moi, de ce qui nous attendait, de cette nouvelle vie que nous commencions ensemble.
J’ai essayé et puis découragée, me sentant impuissante face à ce petit être que je n’arrivais pas à comprendre j’ai demandé de l’aide aux puéricultrices.

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J’ai demandé à ce qu’on t’emmène à la nurserie, “Vous comprenez, j’ai vraiment besoin de dormir quelques heures”, j’étais épuisée, perdue, je n’avais pas dormi depuis cette nuit deux jours auparavant où tu étais venue me réveiller par des contractions pour m’annoncer que tu avais décidé qu’il était temps pour toi de nous rencontrer.

Elles t’ont emmené, je me suis sentie nulle, jugée, incompétente…mais aussi soulagée.
Je me suis précipité dans mon lit, cherchant le repos, celui de l’esprit et du corps, celui qui me ferait oublier quelques heures tous ces événements qui venaient de bouleverser à jamais ma vie et dont je prenais la mesure avec une grande angoisse.

A peine endormie une auxiliaire de puériculture est venue me réveiller.
“Elle pleure, elle veut téter”. Je lui ai pourtant assuré que tu avais tété il y a moins d’une heure et que je t’avais proposé à nouveau sans succès, elle t’as laissé là, dans mes bras de  mère impuissante.
Evidemment tu n’as pas pris le sein. je n’ai pas osé les rappeler. J’ai essayé, en vain, de te coucher dans ta nacelle.
Tu as crié de plus belle.
Tu sais, à ce moment-là je t’en voulais de ne pas me rendre les choses plus faciles, je t’avais attendu avec tellement d’impatience, pourquoi fallait-il que tout soit si compliqué ?

Une puéricultrice est passée. Elle m’a proposé de m’aider à te positionner au sein. Et finalement tu t’es mise à téter. Pourtant je t’assures, j’avais déjà essayé. Mais on avait pas encore trouvé comment ça allait fonctionner, toi et moi.

Te voyant apaisée contre mon sein, enfin repue, et moi calmée, elle m’a conseillé de te garder près de moi et m’a installé un coussin afin que je puisse m’allonger avec toi.
Ne m’avait-on pas formellement interdit un peu plus tôt dans la soirée de te prendre en cododo ?

Peu importait à présent. Tu avais fini de téter et nos larmes respectives avaient enfin séchées. Je t’ai posé, tout doucement, entre moi et le coussin, comme la puéricultrice m’avait montré. J’ai retenu mon souffle, de peur que tu ne te mette à pleurer à nouveau, puis voyant que rien ne se passait je me suis étendue à tes côtés.

Je crois que je me suis endormie, bercée par ton souffle régulier et ta présence finalement si familière contre mon corps.
Ce n’est que quand les premiers rayons du soleil ont caressé mon visage, quelques heures plus tard, que je me suis éveillée…

Nous étions face à face ce matin-là. Et comme aujourd’hui je t’ai dévisagé, tu étais si sereine près de moi. C’est à ce moment-là que j’ai compris. Que tout ce que tu voulais finalement c’était que je te rassures toi aussi. Toi aussi tu avais peur ce soir là.  Je suis désolée si je n’ai pas compris immédiatement. Tu sais je débutais en tant que maman.

Merci de m’avoir appris. De m’avoir fait comprendre que tout ce dont tu avais besoin c’était de te blottir contre moi, qu’on ne fasse plus qu’un toi et moi, comme avant.

La nuit dernière aussi tu avais besoin de moi, des bras de ta maman pour te réconforter.
Et je te devais bien ça. Tu m’a tant appris ces deux dernières années. Ce premier matin à me réveiller contre toi, j’ai l’impression que c’était hier mais aussi il y a aussi si longtemps. On en a vécu des choses depuis, toi et moi. Dans les hauts, dans les bas, c’est dans les bras l’une de l’autre que nous avons trouvé du réconfort et partagé nos joies, nos peines et nos découvertes de cette nouvelle vie.

Bientôt c’est une nouvelle première nuit qui m’attend. Avec ton petit frère qui ne devrait plus tarder maintenant. Et grâce à toi, grâce à cette première nuit, je me sens prête. Je sais que quoi qu’il arrive, tout ira bien. Tu m’as montré que j’en étais capable. Il a suffit de quelques secondes ce matin-là, celui de ta naissance, passées à contempler ton visage paisible pour le comprendre.

© photos Nathalie Coster 

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