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L’océan de culpabilité du 1er jour de crèche

 
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Je travaillais puis nous avons dû déménager et j’ai quitté mon travail. J’ai donc passé quelques temps chez nous avec nos enfants avant notre départ. Puis, j’ai très (peut-être trop) vite retrouvé un travail et il a fallu faire face à une réalité : les enfants devaient aller à la crèche…

De visites en visites, je finis par trouver deux places dans une super crèche pas très loin de la maison. Pas une usine à bébés non plus, 4 petites classes de 6 enfants avec des activités d’éveil dédiées et des animatrices gaies et attentives. Tout se présentait bien… jusqu’à ce qu’un abîme de culpabilité s’ouvre devant moi.

Croyant bien faire, je prépare mes enfants. A fond même. Des grandes phrases pour expliquer les choses, sur tous les tons. Pour rassurer, pour bien montrer que je ne les abandonnais pas, que je revenais le soir…
Je crois qu’il faut dire les choses aux enfants même les nourrissons ont besoin de sentir que nous sommes aux manettes de ce qui se passe et que tout suit son cours normalement. J’ai défait et refait le sac au moins 10 fois, préparé les papiers, réexpliqué qu’on allait se séparer le matin et se retrouver le soir ; qu’ils seraient ensemble et que les dames étaient gentilles. Puis, j’ai vanté les avantages de la crèche : de nouveaux amis, plein d’activités inédites (alors que maman est à court de temps et d’inspiration), des chants, des comptines, des jeux de grands et des jeux de bébés…

Je me suis arrangée avec mon boulot pour commencer une semaine à mi-temps pour que les enfants fassent des petites journées. J’ai beaucoup stressé, j’ai été très nerveuse. Notre environnement avait changé, j’allais confier mes enfants à des gens que je ne connaissais pas, sans garde-fou, sans personne pour me rassurer ou prendre le relais. Mon mari travaille beaucoup, c’est une habitude que les enfants ont pris. C’est la normalité, Papa n’est pas là et Maman gère.

J’ai très mal dormi et lorsque nous sommes arrivés à la garderie, j’ai été envahie par une terreur et une culpabilité immense. Les enfants se cramponnaient à moi en hurlant, les pauvres assistantes maternelles essayaient tant bien que mal de gérer la situation sans user de force, avec des arguments rationnels et des idées pour détourner leur attention.
Je m’étais promis de renvoyer une bonne image aux enfants pour les rassurer « Si maman va bien, c’est que tout va bien »…mais non, Maman n’allait pas bien du tout et Maman pleurait toutes les larmes de son corps elle aussi. Parce que finalement, pour moi aussi, ça faisait beaucoup d’un coup. Je me suis d’un coup sentie coupable de les avoir emmenés loin de leur ancien chez eux, de leurs repères, de leurs racines (eux qui sont encore si petits), de les laisser à quelqu’un d’autre que moi qui ne connait pas encore leur vocabulaire, leurs petites habitudes, leurs doudous, leurs joies, … vous imaginez bien que ça n’a rien arrangé.

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Il a bien fallu partir, je me raccrochais à l’idée que j’allais les rechercher 3 heures plus tard…J’avais choisi cette garderie toute seule et avais essayé de la décrire au mieux à mon mari pour m’assurer qu’il approuvait ce choix mais en sortant il m’a dit « Elle est quand même pas terrible cette crèche, tu as vu ? » Et je me suis remise à pleurer tout ce que je pouvais. Il remettait en question mon choix, il introduisait l’idée que les enfants n’étaient peut-être pas bien là où je les avais laissés. C’était déjà terrible comme sentiment d’avoir l’impression d’abandonner ses enfants auprès de femmes dont on ne sait rien (même pas l’occasion d’en parler avec d’autres parents ; je ne connais personne ici) mais c’est encore pire quand la personne à laquelle vous vous fiez le plus remet en question votre jugement… le doute gigantesque qui vous envahit et qui vous pousse à revoir toutes vos certitudes si difficilement acquises.

Bref, je rentre en me sentant plus seule que jamais. Evidemment, dans ce cas-là, on est sans doute toutes pareilles, pour déculpabiliser je me lance dans les lessives, le grand ménage de printemps et un bon gâteau pour leur retour. Je pars les récupérer et passe l’après-midi à les questionner et les observer pour être bien sûre que tout s’est bien passé et qu’ils ne montrent aucun signe de maltraitance ou autres mésaventures que j’aurais indirectement « générées ». Et je récupère deux enfants capricieux, pleurant pour rien, me faisant des demandes complètement inédites…mais au-delà de ces comportements provocateurs à mon égard, tout à fait normaux, bien dans leurs baskets, jouant et riant comme d’habitude. La semaine se passe comme ça, je subis de grandes colères totalement nouvelles mais à part ça, les enfants vont très bien.

A la fin de la semaine, j’ai eu une illumination. En fait, le problème c’était moi. Là où nous étions avant, je travaillais, les enfants étaient gardés par une nourrice chez nous avec d’autres enfants; tout allait très bien, jamais une crise. Mais le déménagement m’a déstabilisée et je n’ai pas réagi comme d’habitude. J’ai beaucoup trop intellectualisé cette rentrée à la crèche et comme ce n’est pas mon habitude, mes enfants ont reçu le signal que quelque chose n’allait pas normalement et que donc, ils pouvaient se conduire d’une façon différente, en « profiter » même si c’est inconscient. Ils ont senti que j’étais nerveuse et que je m’en voulais alors ils ont réagi à leur façon. Je n’aime pas du tout la phrase « Ils me l’ont fait payer » parce qu’elle sous-entend que consciemment les enfants cherchent à nous blesser ce qui n’est pas du tout le cas à mon avis. Mais force est de constater avec du recul, qu’une fois que j’ai eu cette prise de conscience et suis redevenue aussi droite dans mes bottes et ferme que d’habitude, tout est rentré dans l’ordre. En voulant trop bien faire, j’avais ouvert une porte qui n’existait pas avant. C’est sûrement très tentant de s’engouffrer dedans pour tester si finalement, on pourrait manger des céréales en milieu d’aprem, ne plus enlever ses chaussures en rentrant, jouer avec l’ordinateur de maman, ne plus prendre le bain, tout refuser,…

L’histoire se termine bien : j’ai repris le dessus et ai réalisé que je faisais une pleine confiance aux assistantes maternelles de la crèche, qu’il n’y avait aucun problème et que je devais renvoyer cette image aux enfants. Une fois que je me suis réaffirmée, ça ne s’est pas amélioré en un jour mais aujourd’hui, ça se passe à merveille !

 

Paola Marceau

photo Clarisse de Lauriston & Maman Vogue

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