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Faux départ

 
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Il parait que ça arrive une grossesse sur 3, un bébé qui ne s’accroche pas, la nature le rappelle et moi je fais une fausse couche. Quasiment toutes les femmes connaissent cela dans leur vie alors pourquoi m’arrêter dessus. C’est simplement la vie qui reprend ses droits, qui me montre que c’est toujours elle qui décide. Ce n’est pas si grave, je n’ai pas été en danger et ce bébé est parti tout seul. Nos grand-mères risquaient leurs vies à chaque accouchement, elles étaient habituées à ce que la vie d’une femme en âge de procréer traverse ces moments qu’on n’appelait pas alors des épreuves. On était déjà contente d’en réchapper et d’avoir des enfants en bonne santé. De quoi je me plains ?  Je n’ai pas eu à aller à l’hôpital accoucher d’un bébé mort. J’ai juste vécu la perte naturelle, celle devant laquelle tu es seule devant tes toilettes, seule avec ton stress, ton incompréhension et ta détresse.

Et puis, j’ai déjà une belle famille, non ? Je ne peux pas un peu me satisfaire de ce que j’ai ? Il y a tant de couples en attente d’enfants. J’ai « déjà » des enfants alors un autre c’est un peu du bonus non ?

Et puis, c’est  venu très vite. Je n’ai pas eu le temps d’attendre ce bébé. Je n’ai pas eu le temps d’en parler beaucoup autour de moi, c’était encore notre secret. Je n’ai pas eu à souffrir de regard des autres qui vous entourent et parfois vous fait redoubler de larmes.

Mais ma douleur est bien là, elle. Le manque, la joie dans mon cœur disparue en un souffle, la souffrance de l’arrachement sont là eux aussi. J’ai été heureuse, j’ai imaginé cet avenir tout le temps que ça a duré. Je me suis projetée avec cette famille encore plus nombreuse, j’ai fantasmé les répercussions sur ma vie de maman qui bosse, sur ma vie d’épouse, sur ma vie quotidienne et j’ai adoré ce que j’ai vu. J’ai réinventé ma vie comme chaque maman qui se prépare à l’arrivée du 1er, du deuxième,…du septième et j’en ai eu très très envie. J’ai imaginé cet enfant, il a pris sa place dans mon cœur, il m’a déjà tellement comblée, je l’ai déjà tellement aimé.

Et je suis là silencieuse avec ma douleur qui rejaillit égoïstement quand des amies annoncent leur grossesse, quand des familles nombreuses me passent sous le nez, quand je passe une mauvaise journée au travail, de celles qui n’ont pas vraiment de sens et vous poussent à tout réaménager mentalement, à vous ré-imaginer mère de famille. Oui, peut-être qu’avec celui-là, j’aurais sauté le pas : me réorienter ou prendre un congé parental, peut-être que ça aurait été le déclencheur qui aurait rendu ma vie actuelle plus lisible, ou pas. J’ai comme le sentiment que mon cœur attend de s’agrandir encore, attend de remplir pleinement sa mission mais il lui reste un vide. Je suis comme inachevée, une sorte de destin en cours arrêté net dans son élan…Aujourd’hui, je suis juste envieuse de toutes celles qui attendent un enfant qui va naître ou qui en ont seulement  un de plus que moi. Et je me sens pathétique.

Faux départ … Je n’ai aucune explication et je n’en ai pas cherché ; je crois que je préfère ne pas savoir pour le moment. Je n’ai pas de raison de me torturer, de culpabiliser. S’il y a un problème, je finirais bien par le savoir.  « Il y en aura d’autres », personne ne le sait. Moi la première. Mes grossesses se sont très bien passées alors pourquoi maintenant ? Et si quelque chose était cassé ? Et si c’était le signe que ça ne marchait plus ?

Et comment je fais ce double deuil temporaire : celui de ce bébé que j’attendais et de tous les possibles qu’il portait ?

 

© Camilla d’Alfonso Photographe

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