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Césarienne – Cette cicatrice qui nous fait si peur…

 
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Je me suis réveillée dans le coton, perdue et comme en lévitation au dessus de moi-même. Quelques instants plus tard, je redescends et reprends un peu possession de mon corps. Mais je ne peux pas encore enlever cette blouse qui me le cache, j’ai trop peur. Je me rappelle les sensations que j’ai ressenties pendant l’opération (que j’aurais aimé oublier) puis un trou noir et me revoilà habitant un corps qui ne sera plus jamais le même.

Bien sûr, il y a une cicatrice visible – un peu trop impressionnante à mon goût. J’étais incapable de la regarder et encore moins de la toucher. Quand j’ai pu aller prendre une douche, la première depuis l’opération, je ne me suis pas regardée dans le miroir de la salle de bain de la maternité. Je me suis lavée partout sauf sur le bas ventre. Je n’ai simplement pas pu ; l’idée d’effleurer la cicatrice m’a paniquée, j’en perdais mes moyens, j’en avais la tête qui tourne. Bien sûr, les infirmières et les sages-femmes étaient très rassurantes et presque admiratives « wahou elle est superbe votre cicatrice ! », « elle sera totalement invisible plus tard ». C’est vrai, elle n’est presque plus là, aujourd’hui je ne la vois plus mais je ne l’ai pas oubliée. Les sages-femmes, elles, ne se privent pas de la toucher, la kiné non plus pour l’assouplir, attendrir la peau, pour accompagner la cicatrisation. Mais moi je ne sens pas…je ne sens plus rien autour de la cicatrice, je ne sens plus ma peau, mes muscles – rien en dedans, rien en dehors. « Ne vous inquiétez pas c’est normal », tant mieux merci ! Mais pardon je pleure c’est la panique. Ça fait beaucoup à digérer d’un coup…

Et cette terreur : et si ça se rouvre ? et si ça saigne ? et si les agrafes lâchent pendant que je me tourne ? et pourquoi je ne dois pas me relever en utilisant mes abdos ? que va-t-il se passer si je le fais ?

Mon mari, lui, il a été super. Il l’a vue avant moi ma blessure de guerre. Il l’a même touchée – oh pas par curiosité mal placée juste parce que je lui ai demandé, pour m’aider à l’apprivoiser. Après tout, si lui ça ne le choque pas, je devrais y arriver aussi. Alors j’ai regardé et j’ai eu plein de questions – moi qui n’avais jamais été opérée de ma vie. J’ai tout voulu savoir, j’ai posé ma main avec celle d’une sage-femme, j’ai compris que ça n’allait pas saigner. J’ai appréhendé les limites temporaires de ce nouveau corps et j’ai compris aussi que tout allait rentrer dans l’ordre.

Une fois le cap passé, on m’a donné des crèmes pour nourrir la peau et on m’a expliqué comment la masser. Il m’a fallu un mois pour m’y résoudre…Je l’ai massée quelques jours avec dégoût ; pas comme ce geste tendre que l’on pose quand on se tartine de crème de nuit le soir pour nourrir sa peau et la rendre belle, comme un remerciement ou une protection. Non, je l’ai fait parce que j’ai eu peur des conséquences si je ne le faisais pas, et je n’ai pas aimé. J’ai arrêté au bout de 4 jours, mauvais souvenirs, pas d’apaisement, juste une gêne. Qui diminue, certes, mais qui demeure.

Reprendre la vie normale ça a commencé avec le fait de pouvoir de nouveau tendre mon abdomen sans crainte que tout ce beau travail lâche. Arrêter de marcher comme une petite vieille courbée. Ça a été ma délivrance. Ça y est mon corps reprend vie, ça y est cette cicatrice je peux la traiter comme une nouvelle partie de mon corps, une partie normale non dysfonctionnelle. Je ne crains plus que tout lâche, je peux tout refaire normalement. La cicatrice n’est plus mon ennemie sans être devenue mon amie. Mon corps est redevenu lui-même.  Il est de nouveau cet outil dans lequel j’ai une profonde confiance.

Vous devez sans doute trouver louche qu’à aucun moment je n’aborde la reconnaissance pour ce corps qui m’a donné un bébé – après tout, c’est pour ça que la cicatrice est là et cela devrait m’aider à l’appréhender. Oui mais non. Mon corps avant d’être un abri pour mes enfants c’est avant tout le mien et la première personne qui doit s’y sentir bien c’est moi. J’accepte qu’il soit plus mou, moins tendu, plus charnu par endroits, coupé, recousu parce que ce sont les marques de ma nouvelle mission de maman. Cette vocation, je l’adore, je m’y sens heureuse, je m’y sens vivante et la voir marquer mon corps ne me dérange pas. Au contraire, je me sens plus belle, plus femme, plus unifiée. Mais tout ça c’est possible si je sens que je peux de nouveau me fier à mon corps. Je ne ressens pas de reconnaissance. J’ai juste le sentiment qu’il est devenu un peu plus le miroir de ce que je suis, il me permet de m’incarner totalement.

Les cicatrices ne sont pas devenues mes amies, je n’y pense simplement pas. J’ai retrouvé petit à petit toutes mes sensations avec une joie non contenue. Si mon regard s’attarde un peu sur la cicatrice, je ressens toujours une gêne, les souvenirs resteront. Puis j’observe la petite bouée qui ne me quitte plus, mes quelques cheveux blancs, mes seins encore plus petits qu’avant mes grossesses puis j’entends « Maman ! Maman » et je me sens tellement belle !

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© scarletoneill

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