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Adopter quand on a déjà des enfants biologiques

 
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Adopter un enfant : Quand on pense à l’adoption, on pense à des parents en mal d’enfants qui se tournent vers cette solution après un long cheminement de couple. Si tel est souvent le cas, il y a aussi des parents qui décident d’accueillir des enfants en mal de parents alors qu’ils ont déjà des enfants biologiques.
Nous avons rencontrés deux mamans, Alexandra et Stéphanie : l’une a déjà adopté un petit Colombien, et l’autre s’y prépare… Merci pour ces témoignages édifiants !

Pouvez-vous nous présenter votre famille et les circonstances dans lesquelles vous avez adopté ?

Stéphanie : Avec mon mari, Olivier, nous avons 3 enfants Lise, Martin et Paul. Lise et Martin sont nos enfants biologiques, ils sont nés à Paris il y a 7 et 5 ans. Nous avons adopté Paul quand il avait 6 mois, il a maintenant 3 ans. Il est né à Bogota, en Colombie.

Alexandra : Mon Mari, Louis, a 27 ans, et moi, Alexandra, j’ai juste 25 ans, je suis infirmière. Nous avons un petit garçon, Henri, qui aura 2 ans au mois d’août. Nous n’avons pas encore adopté, mais c’est un projet que nous avons.

Cette envie d’adopter, l’aviez-vous depuis toujours ou est-ce un désir qui cous est apparu après avoir eu vos premiers enfants ?

Stéphanie : Cette envie d’adopter est arrivée très vite après la naissance de notre aînée. Tout de suite, nous avons adoré notre rôle de parents et avons commencé à rêver à un deuxième enfant. Et en en discutant, nous nous sommes dit que nous étions très ouverts, très désireux même, d’accueillir dans notre famille un petit enfant né ailleurs. Comme nous voulions au moins 3 enfants et que nous savions que le processus pour adopter peut être très long, nous avons entamé les démarches quand Lise a eu un an. Quelques mois plus tard, nous avons aussi commencé à essayer d’avoir un autre bébé biologiquement. On était prêts à ce que les deux arrivent un peu en même temps. Finalement, Paul a débarqué chez nous 2 ans et demi après son frère.

Alexandra : J’ai eu le projet d’adopter un enfant bien avant la naissance de notre fils, car j’ai moi-même été adoptée. J’ai en effet eu l’immense chance d’être adoptée. Et je considère que je ne remercierais jamais assez Dieu et ma mère de m’avoir offert cette chance ! Cette multitude de chances, même ! Mon mari n’avait jamais pensé adopter un jour un enfant, enfin pas si il pouvait en avoir de lui-même. Mais je n’ai pas eu à le convaincre d’adopter, c’est un accord qui est venu de soi, parce qu’il sait que ça « fait partie de moi ».

En aviez-vous parlé à vos enfants biologiques ? Leur avez-vous (un peu) demandé leur avis ?

Stéphanie : Nous ne leur avons pas du tout demandé leur avis ! La décision et l’attente d’une adoption sont, comme pour une grossesse, une décision d’amour d’un couple, qui ne se prend qu’à deux.

Alexandra : Nous en parlerons à Henri en amont mais sans lui demander son avis. Comme pour une grossesse biologique mais en lui expliquant d’où viendra cet enfant.

Comment ses frères et sœurs ont accueilli cet enfant ?

Stéphanie : Comme leur petit frère, tout simplement ! Nous avons la chance d’avoir accueilli Paul alors qu’il n’avait que 6 mois. Il était donc encore un tout petit bébé et les enfants ne font pas la différence entre un nourrisson et un bébé de six mois. Ils savaient très bien que je ne l’avais pas porté dans mon ventre mais il a été leur petit frère à la première seconde.

Votre enfant adopté a-t il (ou aura-t il) à vos yeux une place à part dans la famille ?

Stéphanie : Chacun de nos enfants a une place à part dans la famille ! Paul a donc sa place à lui, à la fois différente et à la fois la même que celle de son frère et de sa sœur. Elise, Martin et Paul sont mes 3 enfants, de la manière. Je me souviens de les avoir espérés et attendus, chacun à leur manière. Je me souviens avec la même intensité de nos 3 rencontres et lu premier regard que nous avons échangé, à quelques secondes de vie ou à l’âge de 6 mois.

Et ce que dit Alexandra :

Alexandra : Ma mère m’a toujours dit qu’elle était plus exigeante avec moi que si j’avais été sa propre fille. Je pense qu’elle avait un sentiment de responsabilité, par rapport à ma mère biologique, qui a abandonné son enfant sûrement en espérant mieux pour elle que ce qu’elle pouvait offrir. Et je pense qu’elle avait une sorte de pression en plus, elle se disait qu’elle n’avait pas le droit à l’erreur. Ce qui l’a amené à être très exigeante, très perfectionniste et directive à certains moments de ma vie, notamment l’enfance et l’adolescence. Ça a créé beaucoup de tension dans notre relation mère-fille. Je comprends très bien ce sentiment de responsabilité, mais finalement je n’ai trouvé mon équilibre que lorsqu’elle m’a laissé « plus d’air », comme beaucoup d’autres enfants, adoptés ou non.

Si mon projet d’adoption peut aboutir, je crois que je regarderais mon enfant (mes ???) adopté exactement de la même façon que mon fils Henri. Je ne sais pas comment formuler cela correctement, mais c’est parce que j’ai une relation avec ma mère qui s’est « résolue » que je ne pense pas faire de différence entre enfant biologique/adoptif. Quand on devient mère, on a ce sentiment quand on prend l’enfant juste né dans ses bras, qu’on pourrait aimer à l’infini ce petit-être, et rien n’est plus cher, beau, etc…. Mon histoire m’a faite telle que je me sens capable de recevoir l’enfant d’une autre et de l’aimer comme le mien.

Parlez-nous du regard que les gens portent sur votre famille.

Stéphanie : Mes deux aînés sont blonds aux yeux bleus et mon petit dernier est tout doré, tout brun. Forcément, on nous regarde souvent avec un peu de curiosité ! Mais ça ne me dérange pas (tant que ça ne dérange pas Paul). Au contraire, je suis même plutôt très fière de mes 3 enfants si différents et de notre famille pas comme les autres. En plus, si les regards sont curieux, ils sont en général très gentils.

Alexandra :  C’est inutile de le nier, pour un enfant (même averti avec bienveillance par ses parents) c’est toujours bizarre qu’un enfant « ait des parents qui ne sont pas vraiment ses parents ». Il y a 25 ans, ce n’était pas aussi courant. Aujourd’hui les célébrités adoptent des enfants, ça n’a plus ce côté « étrange » que je ressentais enfant. D’autant plus que je suis métisse (du Brésil) adoptée par un mère née dans l’Indre, blanche et blonde… Elle m’a élevée seule, sans papa, donc j’étais d’autant plus une curiosité pour les gens autour, encore plus pour les enfants. Aujourd’hui je trouve ça normal que les enfants aient réagi comme ça. A l’époque, je ne comprenais pas si je devais me considérer moi-même comme « normale » ou non, ou si les autres enfants prenaient des distances « parce qu’ils étaient méchants ». Les gens (les adultes aussi) ne me regardaient jamais « normalement » dès qu’ils savaient.

Encore aujourd’hui…

Encore aujourd’hui, quand on me demande d’où je viens, et si  c’est ma mère ou mon père qui est brésilien, et que je réponds que j’ai été adoptée, certaines personnes (qui ne veulent certainement pas mal faire, j’en suis sûre) me répondent maladroitement « ah désolée ! »… comme si je venais de dire que qu’un de mes proches est décédé. J’ai envie de dire à tous le monde : une adoption n’est pas une honte, ce n’est pas grave, ce n’est pas toujours une souffrance. Ça l’est certainement au moment de l’abandon, et il reste certainement des traces de cet abandon pendant longtemps (pour ma part je ne supporte pas que mes proches se sentent abandonnés). Mais ce n’est pas QUE ça ! j’aimerais qu’un jour on me réponde « tu as été adoptée !? c’est génial ! ».

Quels sont vos projets pour le futur ?

Stéphanie : Profiter de nos 3 enfants ! 3, c’est très bien, ça me suffit…

Alexandra : Mes projets pour le futur… Avoir d’autres enfants, des enfants adoptés, des enfants biologiques. J’aimerais aider les enfants adoptés en difficulté, mais je ne sais pas trop comment. Je sais que parfois les enfants adoptés, surtout à l’adolescence, sont en souffrance. C’est pas toujours simple de poser des questions sur sa naissance, sur ses origines, à ses parents adoptifs. J’ai connu quelques enfants adoptés qui ont gardé des blessures au fond d’eux jusqu’à l’âge adulte, et ça peut être dramatique dans la construction psychoaffective de quelqu’un. C’est dommage.

Mathilde Paterson

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